poissons, tels,que le maquereau, la pélamide, le turbot et surtout
le rouget. Nous trouvâmes plusieurs fois dans l’estomac de ce dernier
une très-petite espèce d’oursin que nous avons conservé*, et que
nous publierons parmi les autres objets d’histoire naturelle.
L e trajet de la ville de Prmkipos à celle de Chalkis est à peu près
d une lieu e, et l’on trouve toujours des caïques prêts à vous y
conduire. Nous avions fait prévenir le supérieur du monastère de
la T r in ité , du jour Où nous irions visiter son couvent et lui demander
à dîner , afin de ne pas le trouver au dépourvu ; car en
général les caloyers sont fort sobres et font très-maigre chère.
On est heureux de trouver dans leur couvent, du miel, des oeufs
et quelques fruits. Pour acquitter les politesses que l’on reçoit
chez e u x , on né manque jamais de visiter l’é g l i s e e t de laisser
dans un bassin les pièces de monnaie que l’on juge convenable de
donner.
Ce monastère, situé sur une colline presqu’au milieu de l ’île ,
jouit d’une vue charmante : on y respire un bon a i r , et il n’est
pas rare d’y trouver une nombreuse société, parce que des Euro-?
péens et même des Grecs viennent souvent y passer une partie de
le t e , loin du tracas et du tumulte de la capitale. Nous nous arrêtâmes
long-tems a considérer sur la porte de l ’église la représentation
de 1 enfer, du purgatoire et du paradis, quoique la peinture
en fût très-mauvaise. L ’enfer était rempli de Musulmans, d’évêques,
d’archevêques et de Grecs richement vêtus ; le purgatoire et le paradis
n’étaient peuplés que de caloyers , de papas ou "prêtres, et
de Grecs plus simplement vêtus. Nous demandâmes aux religieux
qui nous accompagnaient, s’ils ne craignaient pas quelque manvaisé
affaire de la part des.Turcs pour les damner ainsi. Ils nous dirent
que cela leur était arrivé une fo is , mais qu’ils s’en étaient tirés
moyennant quelqu’argent. Ils ajoutèrent qu’ils mettaient un grand
prix à leur tableau, et qu’ils le conserveraient tant qu’ils le pourraient
, sans trop se compromettre.
Il y a un antre monastère au sud-est de l’île , remarquable pat
plusieurs belles allées de cyprès et par un bois de pins, par un bâtiment
spacieux et par le -nombre dés caloyers qui s’y trouvent.
O T IÎ O M A N , C H A P . X . 8$
Celui-ci, quoique très-agréablement situé, ne jouit pas, comme
l ’autre, d’une vue si étendue et si variée.
Il y a pareillement deux monastères à Prmkipos, situés dans les
endroits les plus élevés et les plus solitaires de l ’île. Les caloyers
se livrent à la culture des champs qui dépendent de leur monastère,
ou à quelqu’industrie utile à la communauté. Leurs besoins sont
'très-bornés, parce qu’ils n’ont jamais permis au luxe de s’introduire
chez eux : leur santé se maintient long-tems forte et vigoureuse
par un travail modéré, par la sobriété et par la paix de l ’ame;
et ce qui fait peut-être leur plus grand bonheur, les Turcs ne
•viennent point troubler le repos et la tranquillité qu’ils goûtent
dans ces lieux.
Chalkis est moins considérable que Prinkipos, et son village est
un peu moins étendu; ses productions sont à peu près les mêmes»
et le sol présente partout des indices de volcan. On trouve sur la
colline la plus voisine du village , une roche dure , cassante, qui
paraît ferrugineuse ; et vers le sud-est de l’î le , une mine de cuivre
qui paraît avoir été anciennement exploitée : c ’est probablement
de là qu’est venu le nom de Chalkis, du mot grec qui signifie
cuivre : mais nous n’avons rien vu qui indique la mine d’or dont
Aristote et Etienne de Bysance ont parlé.
Si les Turcs étaient capables d’apercevoir qu’il est facile de se
garantir de la peste en prenant contre ce terrible fléau les précautions
que l ’on prend en Europe, la position des îles des Princes
serait sans doute inappréciable pour remplir cet objet, «t garantir
par mer la capitale : on pourrait établir un lazaret à Prota ou à
Antigone, parce que ces îles ont très-peu d’habitans, e t parce que
les navires y mouillent en toute sûreté. Il existe encore dans la
première de ces deux îles les ruines d’un village e t deux monastères
, qui attestent qu’elle est susceptible de quelque culture, et
q u elle peut offrir des lieux de promenade et de récréation pour
«es personnes qui seraient obligées d’y faire quarantaine.