bientôt appris à se passer de nos manufactures. La guerre qui vieil*
de se déclarer, amènera sans doute un nouvel ordre de choses. La
conduite du gouvernement turc et des particuliers, à l’égard des
agens de la République et des négocians établis parmi e u x , fera
sentir indubitablement quelle est la manière la plus convenable de
traiter dorénavant avec cette nation anti-sociale.
Les Grecs sont gais , spirituels et adroits : ils exercent divers
métiers, font quelque commerce, se livrent à la marine, voyagent
rlans les diverses villes de la côte", s’enfoncent peu dans les terres,
excepté dans la partie européenne. Ils font leurs délices de la musique
et de la danse. Ils se livren t, dans le reste de 1 Empire , à
l ’agriculture avec assez d’intelligence. Les riches sont instruits ,
souples , très-intrigans ; ils étudient les langues , n’épargnent rien
pour être employés comme médecins, comme drogmans ou comme
hommes d’affaires auprès des Turcs qtd occupent les premières
places de l'Empire. Les anciennes familles briguent l’honneur de
fournir le premier drogman de la Porte , et d’dbtenir la souveraineté
de Valachie et de Moldavie , malgré le péril attaché à ces
places éminentes.
Ils sont en général superstitieux, timides, exacts observateurs des
jeûnes et des carêmes. Les prêtres sont très-nombreux et montrent
des moeurs assez austères. Le haut-clergé est instruit, assez riche :
les curés et autres ecclésiastiques sont pauvres et très-ignorans.
Les Arméniens sont tous marchands ; ce sont eu x , dans l’Empire
othoman, qui font le plus grand commerce , et qui le font
avec le plus d’intelligence. Ils sont patiens , .économes , infatigables
; ils voyagent dans l’intérieur de l’Asie et dans l’Inde ; ils
ont des magasins et des correspondans partout. La plupart exercent
des arts mécaniques ; ils sont banquiers , fournisseurs et hommes
d’affaires des pachas ou autres grands personnages. On leur reproche
de n’épargner aucun moyen pour s’enrichir , et de tromper
, lorsqu'ils le peuvent , sur les qualités des marchandises.
Néanmoins , en cherchant à gagner le plus qu’il leur est possible,
ils manquent rarement à leurs engagemens, et sont exacts à remplir
leurs promesses,
Austères
Austères dans leurs moeurs , exacts observateurs des préceptes
de leur religion, igriorans et superstitieux, il ne leur manque que
de l’instruction et un gouvernement moins oppressif et plus juste
que celui des Turcs, pour devenir un peuple infiniment estimable.
Les Juifs se présentent ici sous des couleurs bien plus défavorables
qu’en Europe. Plus pauvres , plus ignorans , plus fanatiques,
ils se livrent à tout genre de commerce et à tous les états
mêmes les plus vils. Peu d’entr’eux sont médecins, drogmans ou
hommes d’affaires : aucun n’est cultivateur. Tout commerce pour
eux est bon s’il donne un bénéfice, quelque mince qu’il soit. Les
riches font l’usure , prêtent sur gages à un intérêt de deux o tid e
trois pour cent par mois , et même davantage suivant les circonstances.
Ils sont courtiers, banquiers ou marchands. Les douaniers
turcs se servent d’eux pour évaluer les marchandises et en percevoir
les droits.
Aussi austères dans leurs moeurs que les Arméniens , aussi avides
pour le gain, moins délicats, moins probes lorsqu’ils traitent avec
un homme d’une religion différente, les Juifs vivent entr’eu x, occupent
des quartiers reculés, et tremblent à l ’aspect d’un Musulman.
Leur religion anti-sociale les séparera toujours des autres
nations, et les isolera, dans une ville, des autres habitons , tant
qu’ils seront assez ignorans pour croire émanés de la Divinité les
lois de leur législateur et les préceptes puérils de leurs rabins.
Les habitans de cette grande v ille , en y comprenant ceux des
faubourgs de Péra, de Galata, de Saint-Dimitri, ceux de Scutari et
de tous les villages situés sur le Bosphore et aux environs, peuvent
être évalués à plus de cinq cent mille, d’après la consommation journalière
de farine qui s’y fait. Comme on ne tient point de registres
de naissance et de nibrt dans l’Empire othoman, on ne peut jamais
bien connaître la population des villes de la Turquie, où les moeurs
et là manière de vivre des habitans sont si différentes de celles des
Européens, où les femmes sont presque toujours enfermées, etf où
les hommes riches sortent le plus rarement qu’ils peuvent -de leurs
maisons : mais à Constantinople, le gouvernement faisant faire la
distribution de la farine et du blé qui se consomment dans la ville
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