de la même autorité, qui jouit des mêmes droits, mais non pas des
mêmes revenus : son traitement est fix e , et les émolumens de la
place appartiennent au visir, à quile càïmacan doit en tenir compte.
C’est ordinairement un paclia à trois queues qui est nommé à cette
place éminente.
Il s’est opéré un changement très-remarquable dans le gouvernement
depuis que Selim III a créé un nouveau conseil auquel sont
soumis aujourd’hui tous les projets, auquel aboutissent toutes les
affaires importantes, et d’où émanent toutes les résolutions et pour
ainsi dire tous les actes du gouvernement. La responsabilité du visir
doit avoir diminué avec son pouvoir : les malheurs de l ’État) les
calamités publiques ne peuvent lui être dorénavant attribués ; et si
la première place de l’Empire othoman continue d’être amovible
et chancelante, elle ne sera plus du moins accompagnée des mêmes
dangers. -
Le divan ou lq^ conseil du grand-visir était formé autrefois de six
visirs ordinaires ou pachas à trois queues, dont la réputation de sagesse
et d’intelligence ne devait pas être équivoque. Le visir demandait
leur avis lorsqu’il le croyait nécessaire. On admettait aussi à
ce conseil , le mufti et les deux kadileskers lorsque la loi devait être
consultée.
Peu de tems après son avènement au trône, Selim a composé ce
conseil de douze personnes les plus distinguées par leur place. Le
visir et le mufti en sont les présidens, l’un en sa qualité de lieutenant
général de l’Empire pour le temporel, l’autre comme vicaire
du sultan pour l’interprétation et le dépôt des lois. Les dix autres
membres sont le kiaya-bey, le reys-éfendi, le teftérd a r-éfen d i,
le tch é léb i-éfen d i, le tersana-émini, le tchiaou x-ba ch i, deux
ex -reys-éfen d i et deux ex-tefterdars-éfendi.
Le kiaya-bey est, à proprement parler, le lieutenant du visir ; il
en remplit momentanément les fonctions lorsque celui-ci vient à
mourir. Toutes les affaires passent par ses mains avant d’arriver
au visir, et tous les ordres émanés de la Porte reçoivent;leur exécution
par l ’impulsion du kiaya-bey. Il est nommé par le grand-
seigneur , sur la présentation du visir. Il est ordinairement entraîné
dans la disgrâce de son chef, et s’il ne perd pas aussi fréquemment
que lui la tête, sa fortune, dans ce cas, court toujours le plus
grand risque. Quoiqu’il n’ait aucun grade militaire, on peut dire
qu’il occupe la seconde place administrative de l ’Empire, vu l’importance
et la multiplicité de ses fonctions. Si le sultan est content
de ses services, il re ço it, en quittant son emploi, la dignité de
simple visir ou pacha à trois queues. Il est rare qu’on ne lui donne
que les deux queues en l’envoyant gouverner une province.
Le reys-éfendi est pour ainsi dire secrétaire-d’état, grand-chancelier
de l ’Empire, le chef des gens de plume, le ministre des
affairés étrangères. Il signe tous les ordres de la Porte, qui ne concernent
pas directement les finances et les opérations militaires ; il
traite avec tous les ministres européens qui se trouvent à Constan-
tinôple; en un mot, tout ce qui concerne les puissances étrangères
et tout ce qui est relatif à l’administration intérieure, passe par le
canal du reys-éfendi ; mais il ne fait rien sans en faire part au visir
et sans prendre ses ordres.
Le tefterdar - èfendi doit être regardé comme le ministre des
finances; il reçoit le produit résultant de la vente des grands emplois,
celui qui vient du renouvellement annuel des barats ou fir-
mans qu’obtiennent les zaïms, les timariots et autres ; le produit
du karatch ou imposition personnelle sur les Juifs et les Chrétiens ;
le produit des domaines affermés, celui des douanes , etc. Il a Un
grand nombre de bureaux où sont versés les divers revenus de
l’Empire, où se font les divers paiemens ordonnés par la Porte. Il
y a à la tête de chaque bureau, un grand officier, des chefs et des1
commis pris parmi les kodjakians ou gens de plume, dont j’aurai
occasion de parler plus bas.
On ne peut confondre ce ministre avec le khasné-vékili, eunuque
n o ir , chargé de l’administration générale du trésor impérial
intérieur, dans-lequel sont verses les produits des confiscations et
des hérédités qui servent à l ’entretien du sérail. Les présens , les
effets, les bijoux qui sont envoyés par les puissances étrangères,
ceux acquis par les conquêtes, les drapeaux, etc. font partie de ce
trésor.