espace est terminé au couchant par d’autres rochers coupés à pic,
qui-forment un rempart naturel autour de lu i, le séparent des
montagnes environnantes et le rendent inaccessible de ce côté. S
Ce rocher était lui-même surmonté d’une muraille épaisse, :iet
munie de tours de distance en distance. La ville était située entre ,
la forteresse et le mur par où nous abordâmes, et les rochers à
pic dont nous venons de parler. Cet espace suffisait à une ville de
moyenne grandeur. Nous n’y trouvâmes ni inscriptions ni bas-
reliefs , ni Vestiges de temple ou d’édifices somptueux, rien qui pût
nous indiquer le nom ancien de cette ville. '
Si Kissamos, situé entre le çap Grabuse et le cap Spada, à vingt
milles à l’ouest de la Canée, fut autrefois le port d’Aptère, comme
il paraît évident, suivant le texte des auteurs anciens, et si la
Canée occupe la place de Cydonia , comme on le croit communément,
Strabon s’est trompé lorsqu’i l a dit qu’Aptère n’était qu’à
dix milles de Cydonia. Mais si l’ancienne Cydonie était à quarante
stades de son p o rt, comme le croit l’auteur de la Législation de
Crète , pag. 473 ? alors il est probable que nous avons vu les
ruines de cette ville, et que celles d’Aptère sont à dix milles à
l ’ouest, en face de Kissamos, comme le dit Strabon : ce sont celles
que Tourmefort a parcourues, et dont il parle , tom. I , pag. 8t.
A un quart de lieue à l’est de la Canée, on voit un coteau, et
plus loin des collines calcaires , la plupart nues , qui s’avancent
dans la mer et forment une presqu’île terminée par le cap Mélek. -
Le monastère de la Trinité se trouve parmi ces collines : il est
habité par un grand nombre de religieux, qui se livrent presque
tous à la culture de la terre. Nous remarquâmes avec plaisir aux
environs du monastère, de superbes vergers d’oliviers, quelques
vignes, et des champs destinés à la culture des plantes céréales.
Nous vîmes beaucoup d’abeilles et une grande quantité de chèyres
et de montons : il y avait entr’autres dans le jardin, un ricin ou
palma christi planté depuis plusieurs années, qui indiquait par sa
vigueur, qu’on pourrait introduire en Crète la plupart des plantes
des climats les plus chauds. Nous passâmes quelques jours avec les
religieux, et nous fûmes de là au monastère Saint-Jean, situé vers
le cap, sur un plateau élevé. Les'religieux sont ici moins nombreux,
parce que les terres qu’ils ont à cultiver, sont moins bonnes
et moins étendues que celles qui dépendent de la Trinité.
Nous descendîmes au cap Mélek par une gorge étroite et par un
chemin pratiqué entre des rochers affreu x , qui nous fournirent
quelques plantes intéressantes. Vers le milieu de la pente, on trouve
un bâtiment en partie détruit, dépendant du monastère Saint-Jean,
autrefois habité par quelques religieux à qui la garde de cette
gorge était confiée.
Le golfe de la Sude {p l. 8 ) , vaste port naturel, l’un des plus
beaux èt des plus sûrs de l’A rchipel, se trouve au sud de la presqu’île
dont nous venons de parler. Sa bouche est à l ’est, et son
fond se dirige à l’ouest-norcÎ-ouest : il est non-seulement abrité
par les angles et les caps que forment les terres, mais encore par
■les deux îlots de la Sude, sur l’un desquels est situé le fort que les
Vénitiens avaient fait construire, et qu’ils ont conservé long-tems
après que l ’île ne leur appartenait plus. Ce rie fut que sous le règne
d’Achmet III, que les Turcs se rendirent maîtres de ce fo r t, et qu’ils
furent par-là tranquilles possesseurs de toute l ’île de Crète.
Le mouillage le plus fréquenté par les navires qui ne veulent
que se mettre à l ’abri d’un coup de vent, est au sud-sud-ouest du
cap Mélek, derrière une petite île connue par les marins sous le
nom de V ie ille Sude. Les gros vaisseaux de guerre mouillent dans
tous les points, soit à l’entrée du golfe, soit à côté de l’île dont nous
venons de parler. Les uns et les autres ne vont au fond du golfe que
lorsqu’ils doivent rester long-tems au mouillage. Les bateaux du
pays viennent souvent jeter l ’ancre entre les deux îles de la Sude.
A demi-lieue de la mer, au sud de ce golfe , on trouve sur un
terrain élevé les ruines d’Amphimale. On suit fort bien tous les
murs de la ville, quoique détruits en grande partie : on voit partout
dans leur enceinte, des décombres, des amoncellemens de
pierres formés par les cultivateurs. Deux vastes citernes s’élèvent
au dessus de ces ruines, et laissent à deviner comment on pouvait
les remplir. On les reconnaît au ciment rougeâtre dont elles sont
revêtues intérieurement, et surtout à la marque que les eaux y