Le second p in , que nous ayons trouvé abondant aux environs
de l’Olympe et dans tout l’intérieur de l’Asie mineure,.porte une
tige droite, et acquiert une grosseur et une hauteur considérables.
Ses graines; que j’ai apportées à Paris, ont bien levé au jardin du
citoyen Cèls, cultivateur, et membre de l’institut national.
Le golfe de Mundania est profond, assez étroit, et entouré de
montagnes élevées : celle au nord est presqu’entiérement calcaire ;
elle est en partie schisteuse, en partie formée de grès à sa base. La
côte située au sud présente, tout le long du rivage, une roche dure,
mélangée, contenant des cailloux de porphyre, de granit, etc. On
voit au fond du golfe, une grève peu élevée, sabloneuse, e t au-delà
une petite plaine fertile, arrosée par un ruisseau qui portait le
nom de la ville , et par une petite rivière connue autrefois sous le
nom.d'H ylas. On cultive dans cette plaine diverses plantes potagères
, telles que l ’aubergine ,1 a ketmie, le melon d’eau, et plusieurs
arbres fruitiers, parmi lesquels nous remarquâmes le grenadier et
une sorte de pommier à fruit oblong, d’une saveur très-agréable.
Nous nous procurâmes plusieurs plans de ce pommier, et nous les
fîmes passer à Constantinople,'pour être élevés dans le jardin du
palais de l’ambassade, en attendant de pouvoir les transporter
nous-mêmes en France.
Il n’est pas douteux que ce pommier ne réussît au Midi de la
France, puisque la température de Ghemlek est pour le moins aussi
chaude que celle de nos départemens méridionaux, où l’on sait que
le pommier végète mal et ne donne que des fruits verreux.
Les grenades de Ghemlek sont si estimées, que les Grecs de ce
viüàge ont été obligés de payer leur imposition personnelle avec
une certaine quantité de ce fruit qu’ils envoient chaque année à
Constantinople, pour le sérail du grand-seigneur.
Quoique l’olivier soit assez multiplié sur les côteaux des environs,
cependant les habitans ne sont pas dans l’usage de retirer l’huile de
son fruit. Ils préfèrent cueillir l’olive à sa parfaite maturité, dans
les mois de brumaire et de frimaire, pour la saler et l ’envoyer ensuite
à là capitale, où les Grecs, les Arméniens et les Juifs en
fo iit, pendant toute l’année, une très-grande consommation. La
préparation de ces olives consiste à leur jeter du sel marin pardessus,
en assez grande quantité, et les remuer de manière qu’elles,
en soient pénétrées. On les met ensuite, pendant quelques jours,
dans des corbeilles : on les comprime légèrement pour faciliter
l ’écoulement de la partie aqueuse, après quoi on les conserve dans
des vases de terre.
On mange ces olives sans autre préparation : on les assaisonne
quelquefois avec du sel, du vinaigre, de l’huile : on les sert aussi
avec des aubergines, des pimens, du céleri, du fenouil confits au
vinaigre, avec des anchois et autres poissons salés.
On cultive abondamment à Ghemlek, ainsi qu’aux environs de
Pruse, le mûrier blanc, pour l’éducation des vers à soie; mais ici
on ne permet point à cet arbre de s’élever, comme dans nos climats
: on le tient nain, et chaque année on enlève tous les rameaux
qui ont poussé l ’année précédente, pour les donner, garnis de
feuilles, aux vers à soie. Après cette taille, le mûrier pousse de
nouveaux jets qui doivent être coupés l’année suivante, â mesure
des besoins.
Ces arbres sont plantés suivant la qualité du terrain , à trois ou
quatre pieds de distance les uns des autres. Ils ne sont point
greffés, parce qu’on a reconnu sans doute que les feuilles plus petites,
plus savoureuses du mûrier sauvage sont d’une qualité supérieure
à celles qui sont grandes, succulentes et peu substantielles.
Gn se dispense ordinairement de leur donner des engrais r quelques
uns sont arrosés ; mais tous reçoivent deux labours, l’un au
moment de leur végétation, et l’autre à la fin de l’été. Cet arbre,
ainsi cultivé, dure un grand nombre d’années : il forme une des
principales richesses des environs de Pruse, et alimente beaucoup
de manufactures d’étoffes de soie établies dans cette ville pour
l ’usage des Orientaux.
- Un champ planté de mûriers auxquels on aura permis de s’élever
et de croître, fournira sans doute une quantité plus considérable
de feuilles, que s’il était planté en mûriers nains, quoique ces derniers
soient beaucoup plus rapprochés les uns des autres ; mais si
on envisage la facilité que l’on a de se procurer à volonté toute