Les marins qui abordent à cette île, ainsi que les habitans, font
usage de cette terre'en guise de savon, et en obtiennent les mêmes
résultats. Ils préfèrent cependant celle que l’on prend au fond de
la mer, dans la rade même, parce qu’elle est plus pure, qu’elle se
délaie pliis promptement dans l ’eau , et qu’elle décrasse le linge
beaucoup mieux que l’autre (1).
La terre cimolée, prise sur la roche dont je viens'de parler,
présente dans sa cassure la portion de trap distincte du feld-spath.
Ori y voit quelques aiguilles de schorl noir, non décomposées; et
ce qui ne laisse auciiri doute sur l’origine de cette roche, c ’est qu’on
la suit dans toutes les altérations qu’elle a éprouvées, depuis le beau
porphyre rouge presqu’intact, jusqu’au dernier état de décomposition
dont je viens de parler.
Aucune roche ne paraît ici bouleversée par l ’action du feu ; celles
qui sont coupées à une grande profondeur, sur un terrain en
pente, sont toujours en grande masse, et ne présentent jamais ni
couches ni bancs ; tandis que dans les autres parties de l’île , au
nord-ouest, par exemple, o’n voit partout des couches régulières,
des fragmens de roches de diverse nature, plus ou moins altérées et
mêlées avec des cendres volcaniques; des laves solides ou poreuses.
On aperçoit des couches de pierres-ponces, dont la plupart sont en
poussière.
Il est bien évident qu’une partie de l’île a été jadis travaillée et
altérée par l ’action lente et insensible des feux souterrains , ou par
les vapeurs qu’ils ont élevées, ainsi que nous le verrons bientôt à
Milo, et que l’autre a été recouverte par les matières qu’un volcan
a vomies et déposées par couches régulières, ainsi qu’on le voit
pareillement à Milo et surtout à Santorin.
(1) Celle-ci a donné an citoyen Vauqùelin , sur cent parties :
z. Silice 68 parties.
2. Alumine........................ 20
3. Muriate de soude................................. 5
4* E a u . . . 1 .'■. . . . . 7
T S T A I ............................................................................... IOO
Le lendemain de notre arrivée à Cirnolis, les primats nous conduisirent
à plus d’une lieue de la .ville, â 1’ouest de l’île , dans un
endroit voisin, de la mer , où. nous aperçâmes des fragmens de
briques et de poteriey qui nous auraient > indiqué: suffisamment la
position de llancienne ville, si la tradition, chez les habitans,' avait
pu nous laisser quelqués doutes à cet égard. Nous vîmes sur un
banc de lavé d’un gris jaunâtre, que l’on prendrait au premier
aspect pour une argile chargée de matières salines; nous vîmes,
d is - je ; une quarantaine de fosses-creusées les unes à-côté des
autres, et un peu plus loin, sur un tertre de même nature; d’autres
fosses qui nous .parurent avoir été récemment fouillées :■ celles-ci
contenaient des : charbons, des ossemens humains brûlés et des
fragmens de vases de terre. Il y avait à l’un des côtés de ce tertre
une ouverture carrée , qui nous conduisit dans une grotte où
noùs trouvâmes quatre sarcophages simples , de grandeur inégale,
d’una lave blanche , porphyrique, assez dure et cependant assez
facile à tailler. Leur côuverdle manquait ; mais ils étaient d’ailleurs
asséz bien: conservés : ils avaient cinq à six pieds de longueur, sur
deux èt deux et demi de largeur. La grotte avait la forme d’un
quarré long, dé quinze pieds de profondeur, précédée d’un vestibule;
carré de huit pieds de largeur.
Cette découverte nous donna l’idée de faire creuser au dessus
du tertre, dans les endroits où la terre retentissait Sous nos pieds
et ne paraissait pas avoir été remuée. Notre tentative fut heureuse :
les premiers coups de bêche nous procurèrent quelques figures de
terre cuite grossières, assez mal conservées; telles qu’un crapaud,
un sphinx et un coq, ainsi qu’un petit vase à. anse, dans le genre
étrusque. Comme il était ta rd ,, et que nous n’avions avec mous
qu’un seul homme que les primats avaient eu la complaisance de
faire venir d’un champ voisin, nous résolûmes de nous en. tenir
ce jou r -là à nos premiers essais, et de revenir le lendemain avec
une vingtaine d’ouvriers, afin de remuer tout le tertre et tâcher de
découvrir quelque .catacombe où. personne n’eûtnjpénétfp.ayant
nous. sié ■■ , ;■?;/: râ âïùSij I m
; Le capitaine dù riavire, sur lequel nous étions venus à Çimolis,