teau, M. Moor et moi. On nous montra les
papiers envoyés par M. R ico rd , c’étoient deux
le ttre s , l ’une adressée au commandant de
Kounaschir, 1 autre a moi. Dans la première,
il annonçoit au x Japonois qu’il étoit arrivé
dans des intentions pacifiques , et qu’il rame-
noit leur compatriote Tacataï-Caki et deux
matelots enlevés avec lu i l ’année précédente.
D eu x autres matelots et un Kourile étoient
morts au Kamtschatka, quoique l’on n’eût
négligé aucun moyen de leu r conserver la
vie. M. Ricord parloit de Tacataï-Caki comme
d’un homme intelligent et honnête qui pour-
roit convaincre le gouvernement japonois des
dispositions pacifiques de la R u s s ie , l ’amener
par ses représentations à nous rendre la l i berté
et lu i faire entendre que son refus en -
traîneroit des suites fâcheuses. M. Ricord se
reposoit donc sur les sentimens pacifiques et
bienveillans des Japonois et attendoit une
réponse.
Dans lalettre qui m’étoit adressée, M. Ricord
me prioit de lu i écrire et de lu i dire si nous
étions en bonne santé, quelle étoit notre position
, etc. Le contenu de ces lettres me fit v o ir
que M. Ricord les avoit écrites avant d’avoir
reçu les papiers qui lu i avoient été expédiés.
( 187 )
Nous en fûmes très-surpris, car les Japonois
nous assuroienf que l ’ordre avoit été donné de
les envoye r par des Kouriles à bord desbati-
mens russes aussitôt qu’ilsparoîtroient. Nous
prîmes copie des lettres en présence des emp
lo y é s , et le soir nous les traduisîmes. L e
lendemain, les originaux et les copies furent
expédiés pour la capitale.
Le 24 ju in , Sampéï et Koumaddjérô s’embarquèrent
avec Simanoff et A le x is pour
Kounaschir. J’avois, cliaque jour ,prisla peine
de répéter à Simanoff ce qu’il devoit dire, étant
à bord d e là D ia n e , sur les forteresses, la
puissance et l ’état militaire des Japonois, et
sur les lieu x qu’il seroit avantageux d’attaquer
dans le cas où les circonstances le rendroient
nécessaire. Il eut l ’âir de me bien comprendre,
et se montroit tout jo y e u x d’avoir beaucoup
de choses importantes à communiquer à ses
compatriotes. Mais je m’étois fait une illusion
complète sur son compte; car j’appris plus
tard qu’avant d’être arrivé à bord de la corv
e tte , il avoit tout oublié, et n’avoit pu répéter
que quelques phrases incohérentes.
Simanoff, avant de p a r tir , me découvrit
que M. Moor l ’avoit chargé de p rier M. Ricord
de lu i renvoyer les effets qu’il avoit laissés