chargée de nliages, s’éclaircit tellement, que
nous pûmes très-bien déterminer notre position;
nous étions à trente-sept milles au nord
de l ’île St.-Jean ou Jonas, qui fut découverte
par Billings, 6111789, lorsqu’il alloit d’Ochotsk
au Kamtschatka, sur la corvette Slava Rossia
(la gloire de la Russie.) La position géographique
de cette île a été fixée avec beaucoup
d’exactitude par M. Krusenstern, d’après des
observations astronomiques ( 1 ). Tous lès lieu x
dont cet habile navigateur a déterminé la situation
, peuvent se rvir presque aussi bien
que l’observatoire de Greenwich à rectifier
les chronomètres. Nous n’avions donc aucun
doute sur notre vraie position relativement à
cette île , d’autant plus que ce même jour nous
avions pris hauteur avec assez d’exactitude.
Nous résolûmes, en conséquence, de diriger
notre route de manière à passer à dix milles
de l ’île , et je fis signai au Sotik de se tenir à
un demi-mille de nous. Je me proposois, si
le temps le permettoit, de reconnoître l’île
St.-Jonas; car elle est très-rarement vue par
(x) 56° 25’ So" de latitude n o rd , e t 2x6° 44’ x5■' de
îongitute occidentale de Greexxwich.
’ . , E.
les navires de la compagnie d’Amérique, ou
par les bâtimens de transport qui font la navigation
entre Ochotsk et le Kamtschatka,
parce qu’elle ne se trouve pas sur la route ordinaire
de cette presqu’île à Ochotsk.
Le 28 ju ille t, à minuit, le vent fraîch it, et
il s’éleva une brume épaisse; à deux heures,
nous aperçûmes tout-à-coup un grand rocher
à moins de cent pieds en avant de la corvette.
Notre situation etoit extrêmement critique.
A u milieu de la mer, si près d’un écueil que
nous nous attendions à chaque instant à vo ir
notre bâtiment brisé en p iè c e s , comment
espérer qu’il y eût quelque possibilité de nous
tirer de ce péril? La providence v in t à notre
secours. Nous virâmes de bord et retardâmes
la marche de la corvette; et s?il ne nous fu t
pas possible d’écarter entièrement le danger,
nous pûmes au moins diminuer le mal qu’elle
devoit éprouver en touchant sur l'écueil.
L ’avant ressentit une secousse légère; ensuite
apercevant une passe dans le su d , nous nous
y engageâmes, en filant devant le rocher que
nous avions v u et d’autres que nous aperçûmes
au milieu du brouillard. Sortis de ce
passage é troit, nous reprîmes notre marche
en suivant le courant et finîmes par nous,