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a Japonois, et si vous vous étiez secrètement
« évadés de voire prison, les suites de cette
« action pourroient vous être funestes; mais
« vous êtes étrangers, et vous ne connoissez
ce pas les lois du Japon ; d’a illeurs, vous ne
« vous êtes pas enfuis avec le dessein de faire
a du mal aux habitans de ce pays: vous ayez
« seulement voulu revoir votre patrie; désir
« bien n a turel, car, tout homme doit chérir
cc sa patrie par-dessus tout. Y otre co n d u ite ,
« à ce sujet, justifie la bonne opinion que
« vous nous avie z inspirée. Je ne puis pas
« vous répondre du jugement que le gou -
« vernement portera sur votre évasion ; néan-
« moins, j’emploierai, comme auparavant,
« tous mes efforts pour vous se rvir, et pour
« vous faire obtenir la permission de retourner
« dans votre patrie. Jusqu’à ce que votre af-
« faire soit terminée, vous serez enfermés
« conformément aux lois de l’empire, les mate
telots dans une véritable prison, et les o f-
« ficiers dans un invérari (1). »
Le gouverneqp, après avoir parlé ,sortit de
la salle; nous fumes ramenés dans l ’antichambre.
Jusqu’à ce moment nous avions été
(1) Une prison s’appelle ro en japonois. On verra plus
bas ce qu’ils entendent p a r le mot d’invérari.
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sous la garde de soldats impériaux que nous
ne connoissions pas et auxquels commandoit
l ’officier qui nous a vo it arrêtés. Celui-ci entra
su iv i d’un personnage nommé Nagacava-
Matataro, qui étoit le quatrième en rang après
le gouv e rn eur , et remplissoit les fonctions
déjugé criminel ; l ’officier militaire nous remit
à ce dernier, et ordonna à ses soldats de s’en
aller. Ils furent remplacés à l ’instant par des
soldats de Matsmaï, nos anciennes connois-
sances. Matataro leu r dit de nous garrotter
M. Chlebnikoff et moi comme des personnes
en place, et les matelots comme des gens du
commun ; vo ic i en quoi consiste la différence :
on noue au x personnes en place une corde
• autour de la ce in tu re , et les mains le long du
corps , de sorte qu’ils ne peuvent pas les mou-
4 v o ir ; a u x gens du commun, on lie les mains
derrière le dos, comme on nous avoit garrottés
à Kounaschir. Cette opération achevée,
on nous fit sortir du château, vers s ix heures
du soir; nous traversâmes la v i lle , et nous
entrâmes dans la prison éloignée du château
d’à peu près trois quarts de verste. Quoiqu’il
p lû t, l’afîluence des cu r ieu x étoit considérable;
chacun avoit son parapluie.