Japonois sur ce poin t, ni changer .en la
moindre chose nos précédentes déclarations :
« Nous ignorons, leu r dîmes-nous, ce que
« M. Moor pensoit au fond de son coeur à
« cette époque; mais sa conduite n’annonçoit
« aucune feinte, et nous étions convaincus
« qu’il s’erifuiroit avec nous; sans doute, il
« eût pris ce parti, si la poltronnerie ne l ’eût
cc pas retenu. » Nous avions des motifs très-
fondés de ne fournir à M. Moor aucun préte
x te de se tirer de cette affaire ; e t , pour que
le lecteur ne nous accuse pas de ressentiment
contre cet officier ni de l ’envie de lu i nuire,
je pense qu’il convient de déduire ces motifs.
J’ai déjà dit que M. Moor avoit essayé de
persuader au x Japonois qu’il étoit Allemand
d’origine et non pas Russe ; par conséquent,
si notre témoignage eût contribué à prouver
qu’il étoit étranger à nos plans et dévoué aux
Japonois, il eût été possible que les Japonois
l ’eussent embarqué sur un vaisseau hollandois
pour retourner dans l ’Allemagne, sa patrie
prétendue ; i l lu i eût ensuite été facile d’aller
en Russie. Etant seul, il pou voit imaginer un
roman sur ce qui lu i étoit arrivé, altérer même
la vérité au point de prétendre qu’il étoit parv
en u malgré nous à quitter la Japon, et que,
ttmm
par amour pour ce pays , nous avions pris le
parti d’y rester, ce qui eût à jamais flétri
notre mémoire parmi nos compatriotes. Cette
idée se présentoit constamment à notre esprit.
Nous ne voulions donc pas, pour justifier
M. Moor, nous écarter en rien de la vérité.
Si notre déposition en sa faveur eut pu lu i
procurer les dignités les plus éminentes au
Japon, sans lu i faciliter les m o y en s .d e
retourner seul en Europe, nous l ’eussions
fait bien volontiers, quoiqu’il eût cherché
tous les moyens de nous nuire. Je n’en v eu x
citer que l ’exemple suivant: Lorsque les Japonois
nous fouillèrent à Kounascliir, ils me
prirent,.entre autres choses, un porte-feuille.
Quelque temps après, je me souvins que j ’y
avois écrit les noms de Davidoff et de Chvos-
toffi Je parlai de cette particularité à MM. Moor
et Chlebn ikoff, en les priant de me conseiller
ce qu’il faudroit répondre dans le cas où les
Japonois nous interrogeroient là-dessus. A
cette époque, nous pensions, nous agissions
encore comme des amis ; nous n’avions qu’un
esprit, qu’un coeur. Mais depuis son changement,
M. Moor avoit découvert aux Japonois
que les noms des officiers en question étoient
écrits sur mon por te -feuille , et qu’ils avoient
6 *