venoit du gouverneur; plus tard nous apprîmes
que nous avions cette obligation à un
homme riche, qui venoit de guérir d’une maladie
dangereuse; et que, dans des cas semblables
, les Japonois ontla coutume d’envoye r
à manger à des pauvres ou à des gens malheureux.
Le 6 septembre après m id i, l ’on nous cond
u is it, M. Moor et m o i, au château, où s’é-
toient rassemblés les principaux magistrats,
à l ’exception du gouverneur qui étoit malade.
On nous montra d eux papiers envoyés à terre
par la D ia n e , et datés du 28 août. Le premier
étoit une lettre de M. Ricord, commandant
la corvette, au commandant de l’île de K o u naschir;
il lu i disoit que, conformément aux
ordres de l ’empereur de R u s s ie , il ramenoit
dans leur patrie des Japonois q u i, ayant fait
naufrage, s’étoient, sauvés sur les côtes du
Kamtschatka , et parmi lesquels se trouvoit
un négociant nommé Léonsaïmo; il ajoutoit
que le bâtiment russe étoit le même qui, l ’année
précédente, manquant d’eau et de bois,
étoit entré dans ce port, et dont les Japonois
avoient attiré dans le fort le capitaine, deux
officiers, quatre matelots et un K o u r ile ,le s
avoient fait prisonniers par un artifice perfide;
et qu’il ignoroit leu r sort. Il assuroit le commandant
de Kounaschir des intentions pacifiques
de l ’empereur de Russie pour le Japon,
et le prioit de lu i dire s’il pouvoit lui-même
nous mettre en liberté ; dans le cas contraire,
i l l ’invitoit à lu i mander dans combien de
temps il pourrait recevoir une réponse du
gouvernement japonois, et savoir où nous
étions, le prévenant qu’il ne quitterait pas le
port avant d’être instruit sur ces divers
points ; il finissoit par demander la permission
de faire de l’eau. Cette lettre étoit écrite en
termes très-polis et recherchés ; mais on y
vo yo it percer en même temps la résolution si
nécessaire dans des cas semblables, puisqu’i l
annonçoit sa ferme intention de ne pas sortir
du port avant d’avoir reçu une réponse satisfaisante.
L e second papier étoit une lettre que ,
M. Ricord m’adressoit. Il me faisoit part de
son arrivée à Kounaschir, et me mandoit
qu’il avoit envoyé au commandant de cette
île un mémoire russe avec une traduction ja -
ponoise, sur le m o tif de son a r r iv é e , et q u e ,
partagé entre la crainte et l’espérafice, il at-
tendoit la réponse. Il ignorait si j’étois mort
ou en v ie^ e t me p r ia it, dans le cas où les Ja-
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