v ivions encore, il leur fit à l ’instant ôter leurs
lien s , les traita avec bienveillance, et donna
des presens a plusieurs d’entre eux. Il y avoit
dans le nombre la femme du personnage de
marque qu il emmenoit ; il la fit ven ir à bord
de la D ia n e , ordonna aux femmes russes de
la. regaler et de lu i montrer la corvette en
détail. Mais 1 affliction et la crainte lu i firent
constamment verser des larmes, et elle n’examina
r ien , quoiqu’elle regardât tout. Quand
elle quitta le bâtiment, il lu i fit cadeau d’un
co llie r d’ambre jaune que les Japonois e s ti-
moient à trente pièces d’o r , mônnoie qui pèse
à peu. près autant qu’une de nos impériales
(quarante francs). Il permit à son mari d’écrire
à ses parens, et lu i recommanda de leu r
assurer que certainement il seroit renvoy é au
Japon l ’année suivante. Le Japonois ajoutoit
q u’il étoit logé dans la chambre près de
M. Ricord et resteroit auprès de lu i jusqu’à
son retour. Cette attention envers un de leurs
compatriotes enchanta les Japonois. K o u -
maddjero nous dit aussi que M. Ricord n’a—
v o it d abord vo u lu emmener que ce Japonois
et un Kourile comme interprété; mais quatre
hommes s’offrirent volontairement à accompagner
leur maître.
( 155 )
Dans le courant de jan v ie r , nous reçûmes
plusieurs lettres de T e sk é , en réponse aux
nôtres. Dans l ’une, il avouoit ouvertement
que la décision de notre affaire étoit encore
enveloppée d’obscurité, parce que la cour de
Iédo avoit tant de motifs d’être prévenue
contre n o u s , que le peu de preuves qui par-
loient en notre faveur ne suffisoient pas
pour renverser des opinions fortement enracinées.
A cette occasion, Teské employoit
très-à propos le proverbe japonois : <c Ce n’est
pas avec un éventail que l ’on dissipe les
brouillards. » Dans chaque pays, le peuple
forme ses proverbes d’après les objets q u i
frappent le plus fréquemment ses y e u x . Les
côtes de ce pays sonlpresque continuellement;
enveloppées de nuages; et, depuis l’âge de
cinq ans, tous les habitans des deux sexes y
portent constamment des éventails pendant
l’été ; c’est ce qui a occasionné ce proverbe.
Les assurances que nous donnoit T e sk é ,
que nous regardions avec raison comme notre
meilleur ami, ne nous faisoient augurer rien
de bon. En o u t re , nos gardes disoient sans
détour que Arrao - Ma d si m an©- Ça m i avoit
perdu sa place de gouverneur de Matsmàï, et
qu’elle avoit-été conférée à unautre. A cet in