lu i demandèrent la cause de son affliction; il
répondit qu’il n’ëtoit pas digne de leurs bienfa
its , et que ses remords lu i arrachoient des
larmes. Il nous d isoit,au contraire, qu’il pleu-
roit, parce qu’il vo yo it clairement la perfidie
et la dissimulation des Japonois qui nous con-
duisoient tous à une perte inévitable ; q ue letir
bonté actuelle n’etoit que feinte. Ces discours,
malgré leur absurdité, n’excitoient pas moins
de vives inquiétudes chez nosTnatelots. Quant
à la conduite de M. Moor, elle étoit réellement
énigmatique pour moi et l ’est encore.
L e 2 septembre, nous entrâmes à Chakodade
au milieu d’üne foule innombrable de
spectateurs. On nous fit loger dans une maison
impériale peu éloignée du fort. Nos chambres,
entourées d’une galerie, donnoien t sur u n
jardin; mais on avoit c lo u é , tout le long de
la galerie, des volets dont l ’extrémité supérieure
n’étoit qu’à trois pieds de celle-ci. La
lumière du jour ne pénétroit que foiblement
par cet in te rva lle , et aucun des objets du dehors
n’étoit visible. Sous, ce rapport, notre
habitation ressembloit à une prison , elle étoit
d’ailleurs très-propre et très-bien arrangée.
A u bout de quelques jours, lea planches fu rent
enlevées à notre demande; nous vîmes
clair dans nos chambres, et nous jouîmes en
plein de l ’aspect du jardin. Indépendamment
des repas ordinaires, qui étoient bons, l ’on
nous servoit du dessert qui consistoit en
pommes, poires et confitures ; on l’apportoit
une heure avant le dîner, suivant l ’usage japonois.
Aussitôt après notre arrivée à Chakodade,
le guinmiyagou Coodsimo-Kiogoro,commandant
de la v i l le , v in t nous voir. I l s’informa
de notre san té , puis nous dit que la maison
étoit réellement trop petite pour nous , mais
que beaucoup de fonctionnaires publics étant
arrivés à Chakodade, et le gou verneur y étant
atten d u, on avoit préparé pour eu x les maisons
les plus vastes; qu’au reste le bâtiment
russe ne devant pas tarder d’ar r iv e r , nous
allions bientôt quitter l ’île pour retourner
dans notre patrie ; et que s i , cohtre toute at-
tente , i l ne paroissoit pas avant l ’h iv e r , on
disposeroit une autre maison pour que nous
pussions y passer cette saison.
Quelques jours après, le guinmiyagou,
Sampeï, l’académicien, l ’interprète hollandois
et Koumaddjéro arrivèrent sur un navire.
Les interprètes et le savant vinrent aussitôt
chez nous; ensuite ils passoient les journées
•Tom;. II. i 4