arme remarquable, puisque, pendant la captiv
ité de son maître, l ’empereur du Japon
avoit désiré la voir. Aujourd’h ui je la conserve
comme la récompense la plus précieuse
de mon entreprise. M. Golovnin donna aux
officiers ses lunettes d’approche, ses pistolets
et ses instrumens d’astronomie ; au plus ancien
des sous-offieiers, cent roubles ; au plus
jeu n e , soixante-quinze ; à chaque matelot
qui avoit été en prison avec lu i, cinq centa
ro u b le s , et en outre à Makaroff qui lu i avoit
rendu des services particuliers, comme on
peut le v o ir par sa relation, une pension
montant à la somme fixée par le règlement
de la marine, et prise sur ses biens situés
dans le gouvernement de Riesan, près du
lieu de naissance de Makaroff. A le x is le K ou-
rile* reçut de M. Golovnin un assortiment
d’outils de charpentier, une carabine, de la
pou dre , du plomb, du tabac, et deux cent
cinquante roubles en argent.
M. Moor exprima aussi sa reconnoissance
à ses compagnons; mais il se retournoit sans
cesse vers moi, en me disant : « Je suis un
« indigne. » M. Golovnin le conjura de tout
oub lier, comme lui-même avoit tout oublié.
La conscience de M. Moor le tourmentait;
les paroles affectueuses ne produisoient aucune
impression sur lu i ; son silence morne
n’étoit presque jamais interrompu. Le lecteur
sait le reste. M. Moor étoit un jeune
officier rempli de talens, et avantageusement
distingué dans le service. A u x connois-
sances du navigateur qu’il possédoit à fo n d ,
il unissoit celle de plusieurs langues étrangères,
et en parloit deux couramment. Doué
des qualités du coeur et de l’e sp r it, il se fai-
soit aimer, et je suis persuadé que tous ceux
qui l’ont connu partageront avec ses compagnons
la douleur que son sort déplorable
leu r a causée.
FIN,
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