v o lo n té , avoient aveuglément obéi aux
Russes ; il proposoit au contraire de les renv
o y e r avec des présens. Le gouvernement
avoit approuvé ce conseil humain et l’avoit
fait mettre à exécution. Cette dernière nouv
e lle ne s’accordoit pas avec l ’assertion des
Japonois que* les étrangers ne pouvoient
pas dans leur pays être punis de mort. Mais
ic i le cas est différent. Il est vraisemblable
que lès Japonois regardent comme leurs
sujets même les Kouriles de nos îles. Je dois
rappeler a ce propos une particularité qui
m ’a frappé. Les Japonois faisoient toujours
tailler nos habits a l ’européenne : nous avions
l ’habitude de saluer les officiers suivant l’usage
de notre pa ys , et de nous asseoir sur des
chaises que l ’on avoit faites pour nous sans
que nous les eussions demandées; A le x is , au
contraire, quoiqu’il eût été pris v ê tu des
habits d’un matelot ru s s e , étoit toujours
habillé a la japonoise, et obligé de témoigner
son respect au gouverneur et au x magistrats
de la manière usitée dans le pays. Les interprètes
nous ont dit plusieurs fois que les
Japonois avoient, trois cents ans auparavant,
visité les Kouriles jusqu’au Kamtschaka, et
qu’ils auroient pu aisément en faire la con-
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quête; ils ajoutoient que, dans les temps anciens,
les habitans de leur empire et ceux de,
de cet archipel n’avoient formé qu’un seul
peuple; ils citoient à l ’appui un grand nombre
de mots semblables dans les deux langues;
cela ne me paroît pas du tout improbable.
Je crois que les Japonois ont pu souvent
aller au Kamtschatka. Ils donnent aux habitans
de cette presqu’île le même nom par
lequel c eu x -c i se désignent, Kouroumyschi;
ils ont aussi adopté plusieurs autres mots
kamtschadales : au re s te , quelles que soient
leurs prétentions sur l’ensemble des Kouriles,
ils ne les font pas sonner trop haut, parce
qu’ils craignent une guerre avec la Russie.
Peut-être le garde de M. Moor lu i a v o it - il
fait un faux rapport. Nous n’osions pas interroger
les interprètes sur cette n o u v e lle , car
aussitôt il y auroit eu une enquête pour
savoir de qui nous la tenions. Maigre le
trouble et le chagrin que nous causoient d’un
côté les événemens que nous venions d’ap-;
prendre, de l’autre la ferme résolution des
Japonois de ne v o u lo ir entamer aucune espèce
de négociation avec nos compatriotes,
cependant la conduite amicale de c e u x -c i
envers les personnes qui avoient été prises