qu’il falloit d’abord cesser les hostilités qui
ne pouvoient que faire empirer le sort des
prisonniers, et même leur coûter la v i e ,
s’ils n’avoient pas déjà péri ; ensuite aller à
O ch o tsk , et attendre du gouvernement les
moyens les plus sûrs de procurer la liberté
de nos malheureux compagnons, ou de venger
leu r mort.
Quand il fit jo u r , j ’envoyai l ’aide-sturmann
Sredmego, dans u n canot, examiner si la
lettre placée la v eille dans le baril en a voit
été otee. A v an t d’arriver au but de sa course,
i l entendit battre le tambour dans la v ille ;e t,
de crainte d’être attaqué par des canots japo-
n o is , il rebroussa chemin. Nous aperçûmes
en effet un baïdar qui partit de terre, et q u i,
à une petite distance, plaça su r l ’eau un nouveau
baril avec une banderole noire. Aussitôt
nous levâmes l ’ancre pour nous rapprocher
de la v ille , et en vo y e r un canot regarder si
le baril ne contenoit pas une lettre ou quelque
autre chose qui nous donnât des lumières
sur le sort de nos camarades. Bientôt nous
découvrîmes que le baril étoit attaché à une
corde, dont une extrémité alloit à terre, d’où
on la tiroit insensiblement, afin d’attirer
ainsi notre canot tout près du rivage , et de
s’en emparer. Nous mouillâmes de nouveau ,
tourmen tés encore par la plus cruelle incertitude.
L ’esprit de vengeance naturel au x Asiatiques,
a-t-il déjà,nous disions-nous, portéles
Japonois à égorger nos compagnons? ou bien
le gouvernement japonois, si vanté par sa
sagesse, â— t—il dédaigné da ssouv ir son res
sentiment sur sept prisonniers? Que nous
restoit-il à fa ire , sinon de montrer a u x Japonois
que nous ne doutions pas que nos
infortunés compagnons ne fussent encore en
v ie , et que nous ne pensions pas que la nation
japonoise pût, dans ce cas, agir diflerem-
ment de ce que feroit un peuple civilisé.¡En
conséquence jecha^eaile midshipmanFilatoff
d a lle r à un village situé sur un promontoire
e t abandonné par ses habitans ; je fis faire des
paquets contenant le l in g e , les rasoirs et
des livres appartenans a u x officiers, ainsi
que les hardes des matelots; l ’on mit sur
chaque paquet une étiquette avec le nom
d u maître des effets; je dis a M. F ila toff de
déposer ces paquets dans.le village.
L e i 4 j uillet, nous partîmes, le coeur navre,
de la baie que les officiers de la Diane nommèrent
avec raison la baie de la T rah ison ,
et nous fîmes route directement pour Odiotsk*