par la suite, de chacun de ceux que j ’aurois
avec moi, si nos compatriotes étoient véritablement
encore en vie et s’ils demeuroient à
Matsmaï. Je n’eus, au reste, à ma grande satisfaction,
nullement à me repentir d’avoir réalisé
mon dessein; car le natschaliirk, ainsi
que je l ’appellerai par la suite, acooutumépar
son état à une certaine manière de v iv re , et à
la mollesse du lu x e asiatique, auroit été fort
mal à son aise et privé de beaucoup de choses
s’il n’avoit pas eu ses Japonois autour de lui;
il y en avoit deux qui, à tour de rôle, ne le
quittaient jamais . Je l’invitai en su ite , comme
i l savoit les motifs qui me déterminoient à
l ’emmener en Russie et la nouvellé que, peu
de jours avant son arrivée, Léonsaïmo m’avoit
annoncée au nom du commandant de l’île , à
en voy e r à ce dernier un rapport détaillé de
toute l’affaire. Tacataï-Caki écrivit aussitôt
une longue lettre dans laquelle il raconta
toutes les circonstances qui nous intéres-
soient, et y ajouta le nom du bâtiment,
l ’époque de notre campagne à Kounaschir,
le lieu où étoit Léonsaïmo et autres particularités
que je lu i appris.
Ce Japonois et les matelots se conduisirent
a bord de notre co rv e tte , comme s’ils se
fussent trouvés à bord d’un bâtiment qui
leu r appartînt; de notre côté, nous ne n é gligeâmes
rien pûur les convaincre que nous
regardions les Japonois, non comme nos ennemis,
mais comme une nation amie avec
laquelle le simple hasard avoit interrompu
la bonne intelligence qui devoit régner mutuellement.
Le même jo u r , je fis in vite r à
v en ir à bord de la corvette une jeune Japo-
noise, la compagne inséparable de Tacataï-
Caki dans ses voyages de Chakodade, lieu
de sa demeure ordinaire, à Itouroup. E lle
avo it la plus grande curiosité de vo ir notre
bâtiment et les étrangers q u i, suivant ses
expressions, s’étoient montrés des ennemis
si p o lis , par leu r conduite amicale envers
ses compatriotes. Une dame japonoise n’étoit
pas non plus pour nous un objet moins
cu rieux. Nous nous aperçûmes, quand elle
mit le pied à bord de la corvette, qu’elle
a vo it l’ air craintif et embarrassé. Je priai
aussitôt Tacataï-Caki de la conduire dans
la chambre, et je la pris par l ’autre main;
elle voulu t, à la porte, suivant la coutume
de son p a y s , ôter ses sandales de paille;
comme il n’y avoit dans la chambre ni tapis
n i nattes , je lu i fis entendre par signes