l ’affaire, car on avoitdéjà dit que si cet officier
ne descendoit pas à te r re , il en pourroit résulter
de grandes difficultés, et qu’il seroit impossible
de prévoir quand les choses finiroient.
Nous n’avions aucun sujet de croire que
les Japonois se conduiroient envers M. R i-
cord avec autant de perfidie qu’envers nous ;
car la déclaration solennelle d u gouverneur
annonçant qu’il avoit reçu l ’ordre de nous
mettre en liberté aussitôt qu’il auroit en main
une déclaration satisfaisante, notre translation
dans un nouveau logement, l’amélioration
de notre nourr itu re , en un mot tout
nous persuadoit de la bonne foi des Japonois.
M. Ricord ne savoit rien de ces particularités.
Simanoff lu i avoit dit que nous étions tous
renfermés dans le même endroit et traités
également ; je lu i avois recommandé en outre,
dans une lettre que lu i avoit remise ce matelo
t, de ne s’exposer à aucun danger, et de ne
s’entretenir avec les Japonois qu’en canot et
hors de portée de leurs batteries ; ainsi sa résolution
hardie de ven ir en v ille sur une chaloupe
japonoise, fut due non pas à la persuasion
qu’il n’avoit pas de danger à courir, mais
à des motifs bien réfléchis, et qui font honneur
à la noblesse de ses sentimens. Chargé
des papiers officiels du gouverneur russe v o isin
pour le gouverneur de Matsmaï, il ne
songea nullement à ménager sa personne ;
dans le cas où les Japonois se seroient rendus
coupables d’une nouve lle trahison, la Diane
en eût aussitôt porté la n ouve lle en Russie,
et les Japonois eussent été punis d’avoir violé
le plus sacré des droits des peuples, puisque,
dans la personne de M. Ricord, ils de voient
respecter le caractère d’ambassadeur.
Le 6 octobre, dans la matinée, les interprètes
apportèrent avec le plus grand respect
le sabre et le chapeau de M. Moor et de
M. Chlebnikoff, et nous dirent que nous allions
être présentés au gouverneur pour entendre
de sa bouche l ’annonce de notre délivrance;
ils nous invitèrent à nous vêtir de
nos plus beaux h ab its , et à paroître devant ce
magistrat avec nos sabres et nos chapeaux.
Nous nous rendîmes volontiers à leurs désirs.
Vers midi, l ’on nous conduisit à la maison
du commandant où demeuroit le gouverneur.
On nous fit entrer tous trois dans une très-
jolie chambre; les matelots et A le x is furent
placés dans une autre. Quelques minutes
après on nous introduisit, M .M o or, M. Chleb