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par les lois de l’empire , s’entendre personnellement
avec lu i , et effectuer en ineme
temps la promesse concernant la délivrance
des prisonniers russes j il ajoute le voeu que
le bâtiment de guerre ru s se , après une navigation
h eureuse , revienne bientôt et arrivé
àChakodade.»
L à se terminoit la mission de Caki ; quant
à m o i, plein d’impatience de parler à Sima-
noff , je le fis appeler dans une chambre
séparée. Lorsqu^.1 v it que nous étions seu ls,
il. défit la doublure de son v ê tem en t, en tira
une feuille de papier japon ois très-fin entièrement
couverte d’écriture , et très-artiste-
ment enveloppée, et me dit : « C’est une
« lettre que Vassili Mikaïlovitsch vous a
« écrite. J’ai réussi à la dérober à la subti-'
« lité des Japonois. E lle contient la relation
<c de nos souffrances et de bons avis sur la
« manière de vous conduire.® Je pris la
lettre qui me sembla douée de la vie : je
la parcourus plusieurs fois de l’oe il ; mais ,
soit crainte d’y apprendre quelque chose de
fâ ch eu x , soit excès de joie de recevoir ce
message inattendu , mon émotion étoit si
v iv e , que je ne pus rien distinguer. J’y trouv
a i joints deux à trois petits morceaux char~
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gés d’écriture de la main de M. Chlebnikoff,
et dont les caractères étaient d’une finesse
prodigieuse. Après m’être remis de mon saisissement,
je lus ces lettres. Quel plaisir
j ’éprouvai en voyant que mes infortunés
Compagnons nourrisoient quelque espoir de
retourner dans notre patrie. V o ic i la lettre
de M. Golovnin :
Mon cher arai ! il me semble que les
« Japonois commencent à être persuadés de
« fa vérité de nos déclarations , des inten-
tç lions pacifiques de notre gou v e rn em en t,
, et de la réalité du fait que Chvosloff a agi
« de son autorité privée ; en effet, ils deman-
« dent qu’un délégué quelconque de notre
« gouvernement en donne une attestation
« formelle munie du sceau de la couronne.
<c J’espère que cette nation , éclairée sur les
« dispositions favorables de la R u s s ie , liera
*c des relations de commerce avec nous;
¿c car elle commence à connoître lés fripon-
.« neries des Hollandois. Nous ayons parlé
« de la lettre interceptée par les A n g lo is , et
« dans laquelle les interprètes hollandois se
« vantoient d’avoir réussi à broùiller Résa-
« noff avec les Japonois. Néanmoins mettez
la plus grande circonspection dans v o s rap -
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