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Von ne trouvera pas mauvais que je décrive
avec quelque détail notre manière de v iv re ,
afin que le lecteur puisse lui-même faire la
comparaison.
J’ai déjà parlé des cages qui nous renfer-
moient; elles étoient très-propres dans l’in -
té rjeur ; tous les jo u r s , les domestiques ba-
la y oient le corridor. Quand nous allions au
çhateau, l ’on nettoyoit les cages, et l ’on e x -
posoit nos robes-de- cliambre et nos cou v e rtures
au soleil pour leur faire prendre l ’air.
L ’on nous apportait nos repas le matin , à midi
çt le spir. Us consistaient en riz qui nous te-
noit lieu de pain; il nous était servi en portions
plus que suffisantes pour nous d e u x ,
mais trop petites pour les matelots; ce ne fut
au reste que dansles premiers temps,parce que
leu r appétit étoit plus fort à cause de la fatigue
et de l ’abstinence forcée qu’ils avoient
supportées. Comme nous ne pouvions pas,
M. Chlebnikoff et moi, manger nos portions
entières,nous envoyions toujoprs aux matelots
ce qui restoit. Les domestiques la leur
portoient volontiers ; cependant Kisiski s’en
aperçut, et fu t assez inhumain pour le défendre.
Plus tard les portions des matelots
leu r suffirent. Outre le r i z , on nous servoit
des choux marins et d’autres plantes sauvages
bouillies, telles que du poireau sauvage et de
l ’angélique; pour leur donner un meilleur
goût, on y ajoutoit des haricots marinés (misso
en japonois), et souvent quelques morceaux
de graisse de b a l e i n e . Que lque fois, et ordinairement
le so ir, on nous présentait à chacun
au lieu de végétaux b o u illis , deu x morceaux
de poisson salé avec des herbes sauvages mari-
nées.Pour boisson, nous avions de l ’eau chaude
à discrétion. Dans la n u it ; lorsque nous de-
mandionsà boire,les gardes éveilloientaussitôt
les domestiques sans le moindre m urmure , e t
leu r ordonnoient de nous apporter de 1 eau.
On ne nous fournissoit ici ni peignes ni eau
pour nous lav e r, nous nous servions de 1 eau à
boire. A u bout de quelque temps, nous obtînmes
un peigne q u i, sans doute , etoit destiné
pour une prison , car les dents en étoient
extrêmement petites, probablement afin que
les prisonniers ne pussent pas s’en servir pour
se faire du mal.
Les Japonois nous montrèrent d’a illeu r s ,
dans plusieurs cas, des attentions recherchées.
Une nuit on ressentit un tremblement de terre
si v io le n t, que notre prison fu t ébranlée. L a-
larme fut grande dans notre cour et dans les