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arriva le long de la corvette. Tacataï-Caki, en
g r a n d costume, m’annonça qu’au moment
où l’on hisseroit un pavillon sur la maison
destinée à l ’entrevue, nous partirions. À midi
p ré c is , le pavillon flotta, et nous entrâmes
dans la chaloupe. Elle étoit menée par seize
rameurs japonois choisis ,d o n t le plus grand
n om b re , suivant ce quç me dit Caki, consis-
toit en riches commerçans, qui avoient profité
de cette occasion pour satisfaire leur
curiosité. L eu r manière de ramer diffère de
celle des Européens, en ce qu’ils ne poussent
pas l’aviron en a v a n t, mais lu i impriment,
en quelque sorte, un mouvement de
rotation; et néanmoins l ’embarcation marche
avec autant de rapidité que conduite à notre
façon. Nous avions placé notre pavillon de
guerre sur le gouvernail au milieu des pav
illon s japonois; le pavillon parlementaire
flottoit à l’avant. Nous parcourûmes l ’inter-
ya lie cîe la corvette à te r r e ,'a u milieu de
plusieurs centaines de canots remplis de cu rieux.
La maison destinée à l’entrevue étoit
tout près du rivage, à côté d’un débarcadaire
en pierre. Nous aperçûmes les soldats ja -
ponois assis à genoux devant la maison.
Tacataï-Caki débarqua le premier, entra
dans la maison pour annoncer notre arrivée
aux d eu x principaux magistrats, et revint
nous dire que l ’on nous attendoit en grande
cérémonie. Il me parut aussi peu à propos
que nécessaire de demander pourquoi aucun
fonctionnaire public ne venoit a m arencontre.
Je fis débarquer le sous-officier quip orto it le
drapeau b lan c , ensuite les d ix hommes de
garde, avec leurs armes ; puis un second sous-
officier, avec le pavillon de guerre russe. Je
yenois ensuite, et derrière moi marchoient
més officiers. Ma garde se rangea en ligne
devant la porte ouverte, e t , quand je passai,
me rendit les honneurs militaires. Entré
dans la première salle, je me fis mettre mes
souliers par un Japonois qui portoit une
chaise derrière moi; puis je m’avançai avec mes
officiers dans la salle d’audience. E lle etoit
remplie de fonctionnaires publics de diffé -
rens grades, revêtus de leurs habits de guerre,
et portant leurs deux sabres. Je fus frappé du s ilence
profond qui régnoit dans cette assemblée.
Dès que j’aperçus les deu x principaux magistrats
assis à g en ou x , l ’un à côté de l ’au tre , je
fis trois pas en avan t, et je les saluai. Ils me
répondirent par une inclination de la tête; je
saluai à droite et à gauche, puis je me mis à