tout-à-fait clair, o n eû tp u n o u sv o ird e to u fe s
les hauleurs environnantes, car rien ne nous
déroboit aux regards. E n fin , nous arrivons au
bas d’un abîme profond, qui n’étoit entouré de
toutes parts que de montagnes pelées. Le fond
de l’abîme étoit encore rem pli de neige ; nous ne
pouvions pds apercevoir le plus petit coin
pour nous ca ch e r , et déjà il étoit grand jour.
Nous nous arrêtons quelques instans à considérer
tout autour de nous, ne sachant ce
que nous devions faire; enfin, nous découvrons
une petite ouverture dans un rocher;
et, en l ’examinant de plus près, nous voyons
que c’est une caverne, mais qui peut à peine
nous contenir to u s .T ou t auprès, une cascade
se précipitoit du haut de la montagne, et avoit,
par sa ch u te , creusé un trou dans la neige, au-
dessous de la caverne, jusqu’à d ix pieds du
fond de l ’abîme. Nous nous approchons de
l ’an tre , en marchant s u r ja neige, q u i, d’un
côté, étoit très-rhaute. L ’entrée de la grotte se
trouvoit à près de h u it pieds de hauteur sur
le flanc escarpé du rocher; la cascade avoit
enlevé une si grande quantité de neige, que
nous avions beaucoup de peine à pénétrer
dans l ’an tre , à l’aide d’un petit arbre qui se
trouvoit près del’ouverture. Le m oindre faux
p a s , ou la rupture de l ’arbre, nous eût précipités
dansle trou, ou nous eussions ete trempes,
et d’où il eût été très-difficile de se retirer.
Quant à m o i, avec ma jambe malade, je n’au-
rois pas pu en ven ir à bout. Nous arrivons
tous heureusement dans la ca v e rn e , mais
nous ne pouvions npns y asseoir faute d’espace,
et parce qu’au fond elle étoit à moitié
remplie de pierres de grès dont toute la montagne
est formée; plusieurs de ces pierres
présentoient leurs pointes en l’air ; le pire étoit
que nous osions à peine nous rem u e r ,e t qu’i l
falloit user d’une précaution extrême pour
changer de position, parce que l ’entrée de la
caverne étoit trop en pente, et que les pierres
pouvoient dégringoler avec nous. A chaque
instant il en tomboit; nous ne pouvions donc
n i nous cou ch e r, ni nous étendre. N ous étions
réduits à nous appuyer tantôt sur un cou d e ,
tantôt sur un autre. Notre asile étoit, d’a illeurs,
assez bien caché. Les Japonois n’auroient p u
le découvrir qu’en s’en approchant beaucoup;
car, par un grand bonheur pour n o u s , le
froid de la matinée avo it tellement endurci
la neige, que nos pas n’y étoient pas visibles.
Nous n’étions inquiets que de l ’accident arr
iv é à notre compagnon Schkàïeff; en des