devant un rocher escarpé qu’il n’étoit pas possible
de gravir. Il falloit alors marcher tout le
long de sabase, dans l ’esperançe de trouver une
issue commode; quand il s’en rencontroit
u n e , nous recommencions a monter, jusqu a
ce que de nouveaux empêchemens s’élevassent
devant nous.
Nous avions marché ainsi péniblement
pendant trois heures. Enfin nous atteignîmes
la cime la plus h a u te , et nous continuâmes
notre route au nord le long d’un plateau
élevé. Mais le destin nous avoit partout réservé
des obstacles, et des fatigues. Nous étions
parvenus à une h au teu r , o ù ,p a r intervalles,
la neige étoit encore très-abondante; et, comme
nous n’osions pas y marcher, parce que les
Japonois eussent aisément pu suivre nos traces,
nous étions toujours obligés de choisir des
endroits où il n’y avoit pas de neige ; souvent
i l falloit passer d’un côté a un autre , et meme
rebrousser chemin. Nous nous fatiguions
beaucoup et n’avancions que très -peu. Enfin,
une heure avant le jour, nous noustrouvâmes
inopinément sur -un grand chemin, par le quel
les Japonois vont a la foret couper du
b o is , qu’ils transportent à la v ille avec des
chevaux. Cette route offroit partout des vestiges
du passage des hommes et des chevaux;
elle étoit totalement débarrassée de neige,
par conséquent les traces de notre marche ne
pou voient nous trahir; elle menoit directement
au nord dans la foret, et traversoit le
plateau élevé. Cette découverte nous remplit
de joie, et nous doublâmes le pas. Je ressen-
tois encore une douleur violente dansle genou
et dans toute la jambe; cependant, comme
nous marchions sur un terrain plat, ce n’étoit
rien en comparaison de ce que j’avois éprouvé
en montant.
Nous no us figurions qne nous allions bientôt
entrer dans la fo rê t, et notre plan étoit de
nous y reposer tout le jou r dans un endroit
touflu ; mais par hasard VassiliefF porte les
y e u x en arrière, et s’écrie tout-à-coup : « On
nous poursuit à cheval avec deslanternes;»—
et, en disant ces m ots, il se jette dans un chemin
c reu x à côté de la route. Nous regardons derrière
nous, et nous voyons en effet des fe u x
q u i sembloient assez proche. Aussitôt nous
suivons l ’exemple du matelot, et nous nous
précipitons dans un ravin profond et roide.
Nous descendons long-temps sans rencontrer
ni forêt n i buisson pour nous c a ch e r .
le jour commençoit à poindre. S’il eût fait’