<c pirés par la conduite rcellement incom-
« préliensible que vous avez tenue l ’année
« dernière envers notre corvette, et qui vous
« eût certainement attiré une déclaration de
« guerre de la part de tout état quelconque,
cc Mais notre monarque est si humain et si
cc magnanime qu’il n’a pu prendre la résolu-
cc tion d’employer la force, avant d’avoir neçu
cc du gouvernement japonois un refus officiel
cc et décisif d’agir amicalement. » Les interprètes
furent aussi d’opinion que, dans la position
où les choses étoient auparavant, le
gouverneur d’Irkoutsk avoit eu des raisons
fondées d’écrire sa le t t r e , ajoutant que main-
: tenant elle étoit inutile. Jfe répondis que ce
dernier point ne pouvoit faire l ’objet d’un,
d o u te , e t qu’assurément le gouverneur ne se
seroit pas exprimé sur le même ton s’il avoit
été instruit de l’empressement des Japonois à
terminer à l ’amiable tous les différends qui
existaient.
Ma réponse tranquillisa complètement les
Japonois; quel chagrin néanmoins d etre encore
obligé de parler de M. Moor à ce sujet!
Il qualifia la lettre d u gouverneur d’Irkoutsk
de téméraire et d’injurieuse pour les Japonois,
et ajouta que les présens étoient si mesquins
qu’ils ne convenoient qu’à un officier in fé rieur.
Heureusement les Japonois gardèrent
quelque temps par curiosité les présens que
M. Ricord avoit apportés à te rre; ilà nous
firent voir la montre. Elle renfermoit un mécanisme
singulier, qui excita l ’admiration
des Japonois, et qu’ils ne purent comprendre.
En touchant un ressort, on vo yo it couler de
l ’eau, et un cheval haussoit et baissoit la tête
comme s’il buvoit. M. Moor put donc se convaincre
que les présens n’étoient pas si mesquins
qu'il se l ’étoit imaginé. Quant au x Japonois,
ils protestèrent que jamais ils n’avoient
entendu parler d’un ouvrage si beau et si remarquable.
Quand nous eûmes achevé les éclaircisse-
mens relatifs à la lettre du gouv e rn eur , les
interprètes nous proposèrent d’in vite r par
écrit M. Ricord à envoye r à terre la lettre de
remercîment dont le gouverneur faisoit mention.
Nous objectâmes que cela n’étoit pas
possible, parce qu’il avoit été enjoint à M. R icord
de ne la remettrè qu’après notre délivrance
; il ne le pouvoit donc pas, puisque
nous étions encore au pou vo ir des Japonoist
Les interprètes convinrent de la justesse de
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