( 434 ')
« parera de to u t , et m’indemnisera avec dé
cc l ’argent. » Nous eûmes beaucoup de peine
à lui persuader de prendre au hasard une
bagatelle. Il choisit à sa fantaisie , et me
demanda de plus deu x cuillers d’argent ,
quelques couteaux de table et d’autres objets
de service. Il fut surtout bien content d’une
machine à faire le thé, disant qu’en mémoire
de l ’hospitalité qu’il avoit reçue de nous , il
régaleroit quelquefois ses amis à la manière
russe. I l s’était en général très-bien accommodé
de notre manière de v iv re ; et , quoiqu’il
ne pût pas goûter de nos. mets, parce que
les Japonois ne mangent pas du tout dô
v ian de , il prenoit néanmoins ses r;epas, en
même temps, et bu voit toujours le thé avec
nous; il n’y mettait pas de su c r e , mais il le
mangeoit à part en gros morceaux.
Nous étions si contens , que nous restâmes
ensemble jusqu’à minuit. Quand nous nous
séparâmes, il nous dit qu’il étoit bien fâché
de ce que les lois de son pays l ’empêchoient
de nous in v ite r à venir dans sa maison pour
mous y régaler de manière à ce que nous
pussions désirer de conserver des casi et
des sagasouki en mémoire de l’hospitalité
japonoise. Cç sont les tasses de laque dans
lesquelles on prend le thé, et les petites brochettes
dont on se sert en guise de couteaux
e t de fourchettes.
L e lendemain nous apprîmes, à notre grand
chagrin, que Tacataï-Caki, à force d ’aller et de
v en ir sans cesse, avoit attrapé un gros rhume.
L e plus jeune interprète v in t à sa place nous
annoncer, de la part des grands magistrats,
que, le jo u r s uivan t, M. Golovnin et les autres
prisonniers se rendroientà bord de la corvette.
A l ’appui de cette notification £ il m’apportait
une lettre de M, Golovnin, m’apprenant
q u ïls avoient tous été présentés au gouv ern
e u r , et que ce dernier, en présence d’une
nombreuse réunion de fonctionnaires publics,
leu r avoit formellement déclaré que désormais
ils étaient libres. En conséquence, les
deu x grands magistrats me prièrent de ven ir
encore une fois à terre le . lendemain pour
à v o it une entrevue avec eu x et recevoir les
Russesmisen liberté, ainsique les papiers que
Io n de voit expédier.
Pour montrer de mon côté la plus grande
confiance aux Japonois, je dis à l ’interprète
que jïro is à terre sans aucune garde, seulement
avec mon p a v illon , afin que le peuple
ne put pas croire q u e 'la force eût contribué
<28*