( 9 2 ) '
nos déclarations; eherchoit à nous noircir,
révéloit aux Japonois le but de notre expédition,
et décri voit dans le plus grand détail
l ’état des parties orientales de l ’empirè russe,
ainsi que ses rapports politiques avec la
France, après la paix d^e T i ls ilt ; il finissoit
par nous recommander à la clémence des Japonois.
Après avoir écouté la lecture de ce mé-?
m o ire , nous nous mîmes à faire diverses ob-»
jections sur son contenu; les Japonois se fâchèrent
et déclarèrent que jio u s n’avions,
pas le droit de combattre les assertions de
M. Moor. « S i, leur répliquai-je , vous voulez,
« admettre implicitèment comme vrai tout
« ce que dit M. Moor, il nous est impossible.
« de nous y opposer, car il n’y avait pas
« d’autres témoins que nous. » — M. Chleb-
n ik o ff vou lu t aussi élever la v o ix ; mais il ne
fit qu’irriter davantage les Japonois, dp
sorte qu’il se tut. Néanmoins, nous prîmes la
ferme résolution de ne pas signer le mémoire
de M. Moor, dans le cas où .l’on nous en donnerait
l ’ordre; heureusement l ’on, n’en eut
pas l’idée.
Les deux gouverneurs reparurent, et l ’un
des magistrats leur annonça que l’on nous
avoit donné lecture du cahier; mais nous ne
comprîmes pas ce qu’il leur dit de nos observations
sur cet écrit. Alors le nouveau gouverneur
tira de son sein un papier plié a l’européenne,
et le donna à l’ancien gouverneur;
celui-ci, à un magistrat qui le remit à l’ interprète,
par lequel il nous fut transmis. L ’adresse
écrite en russe étoit ainsi conçue :
xx A u gouverneur de Matsmaï. » Cette enveloppe
renfermoit un papier dont vo ic i le
contenù , et qui étoit- aussi traduit en fran-
çois :
« Le voisinage respectif de la Russie et du
<c Japon faisoit désirer qu’il s’établît entre
« les deux empires des relations d’amitié et
xx de commerce qui eussent pu être utiles à
ic la prospérité des sujets du dernier. Une
« ambassade fut en conséquence envoyé e à
« Nangasaki; mais la réponse négative et
xx même injurieuse qu’e lles, re çu e , ainsi que
« l’extension du commerce japonois sur les
xx îles Kouriles et Saghalien, qui sont des
ec possessions russes, forcent enfin le so u v e -
« rain de là Russie à prendre des mesures
xx qui feront voir que ses sujets sont en état
« de nuire au commerce du Japon, jusqu’à
« ce qu’ils apprennent deshabitans d’Ouroup