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loient très-mal des Russes; que Léonsaimc?
faisoit l ’éloge d’irkoutsk , mais appeloit
Ochotsk et toute la Sibérie orientale un pays
de famine, o ù , à l ’exception des fonctionnaires
publics, il n’a voit vu que des mendians»
Ces gens restèrent à peu près huit jours à
Matsmaï ;> ensuite on les fit partir pour Iédo.
Dans ma dernière entrevue avec M. Moor ,
i l m’apprit que notre ami, l ’ancien gouvern
eu r , étoit tombé dans la disgrâce et avoit
été mis au x arrêts chez lui» Cette nouve lle
nous accabla to u s , surtout Teâké ne nous
disant pas positivement, mais nous faisant
entendre que notre affaire n’alloit pas bien.
I l nous écrivoit en russe, mais aucun de
nos compatriotes n ’y eût pu comprendre la
moindre chose ; néanmoins, comme nous
étions accoutumés aux locutions et au x
phrases dont il faisoit usagé dans ses conversations
avec nous, nous devinions sans peine
sa pensée. Nous lu i répondions en russe,
ayant soin de choisir des expressions qui
fussent intelligibles pour lui. Une fois seulement
M. Chlebnikoff lu i écrivit une lettre en
japonois, mais avec des caractères russes, et
Teské la comprit très-bien.
En décembre, Koumaddjéro vint nous con-
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fier en secret a n rêve qu’il avoit e u , et dans
lequel il avoit été ordonné de nous mettre
en liberté; le rêve alloit s’a ccomplir, car un
magistrat d’un rang supérieur, revenu récemment
de la capitale, lu i avoit dit que notre
affaire alloit très-bien, et que la conduite
noble et généreuse de M. Ricord envers les
Japonois qui se trou voient sur le navire dont
il s’étoit emparé, avoit fixé l ’attention, non
seulement de la cour, mais aussi de tous les
habitans de la capitale. M. Moor confirma
cette nouvelle par un billet; il ajouta qu’i l
avoit entendu dire à un des gardes que tous
nos effets, qui jusqu’alors étoient restés à
Iédo, venoient d’être rapportés à Matsmaï,
et que l ’on s ’occupoit de nous ren vo y e r en
Russie.
Un rayon d’espérance v in t de nouveau
luire à nos y e u x et nous soulager dans notre
désespoir. Ce fut ainsi que, partagés entre l’attente
et la défiance de la loyauté des Japonois,
nous vîmes arriver la nouve lle année 18 15.
Koumaddjéro et d’autres Japonois parloieni
a v e c satisfaction du compte que leurs compatriotes,
retenus avec le bâtiment devant
K o u n a s ch ir , rendaient de la conduite de
M. Ricord. Dès qu’i l eut appris que nous