dénotoit des intentions évidemment Hostiles;
mais Caki me tranquillisa en me disant :
« Nos lois défendent d’accepter aucun pré-
$ sent d’un étranger. »
Ensuite un matelot me remit une caisse de
papiers envoyés par le gouverneur de Matsmaï.
Ravi de l ’espoir d’y trouver des lettres
de nos compagnons, je voulois l ’ou v r ir à
l ’instant; Caki me retint :— «Modère tacurio-
« s ité , me d i t - i l , cette caisse doit contenir des
« papiers importans expédiés par ma cour
« à ton gouvernement. »— Après ce discours
sensé, il me prit la caisse des mains ; conformément
à l ’usage de son pays, i l témoigna
son profond respect en élevant par trois fois
cette caisse au-dessus de sa tê te , et me parla
ainsi : tout nous est favorable «je dis nous; car,
« d’après mes sentimens, je suis à demi-russe.
« T u feras très-bien de me permettre de rap-
« porter la caisse au commandant. Demain
« sans faute je te la rendrai; ainsi le veulent
« nos usages. »
J’hésitai un instant, je ne tardai cependant
pas à me remettre ; et, sans laisser paroître
la moindre irrésolution , je résolus de suivre
le conseil de Caki. Je déchirai mon mouchoir
en d eu x , je lu i en donnai la moitié, en lu i
disant: « Je reconnoîtrai comme mon ami
« ce lui q u i , dans u n , deux ou au plus trois
« jours, me rapportera la moitié de mon
« mouchoir.»— La mort seu le , rép liq u a -t-il
« d’une v o ix fe rm e , pourra m’empêcher de
« satisfaire a ce que tu demandes. Dès demain
« je reviendrai à bord de la corvette. P e r -
« mets à mes matelots de me suivre. »— Je me
rendis à ses désirs. Nous nous séparâmes.
Je retournai a b o rd , et j ’ordonnai que pendant
la nuit on sé tînt prêt à combattre.
L e lendemain, l ’officier de quart v in t m’annoncer
qu’il avoit v u deux hommes sortir
du fo r t , et que l ’un d’eu x agitoit en l ’air
quelque chose de blanc. C’étoit Caki avec
un de ses matelots : je lu i dépêchai aussitôt
un canot. Il nous apporta une n ouve lle bien
agréable : d’après les lettres de Matsmaï,
tous nos compatriotes se portoient b ie n , à
l ’exception de M. Chlebnikoff qui étoit dangereusement
malade, n’avoit rien pris depuis
s ix jou r s , et ne vouloit pas suivre les avis des
médecins japonois; cependant i l se t r o u -
vo it un peu mieux. Ensuite Caki v in t avec
moi dans la chambre, et me délivra la lettre
officielle du gouverneur de Matsmaï au commandant
de Kounaschir ; elle avoit été