nois demeurant à Irkoustk qu’il tenoit ce qu’il
disoit. Il peignoit la nation russe comme
belliqueuse et avide de conquêtes. Ses compatriotes
lu i avoient montré à I rk o u tsk , sur
une carte, ce que la Russie fut autrefois et ce
qu’elle est aujourd’h u i; en l ’assurant que cet
agrandissement immense n’étoit pas dû à
l ’achat d’un seul morceau de terre ; tout avoit
été conquis par la force des armes. Voici les
remarques que lui-même avoit faites: si un
enfant russe va dans la rue et y trouve un
b â ton , il le ramasse aussitôt et se met à faire
l ’exercice. Il avoit souvent vu plusieurs petits
garçons se réunir pour jouer à la petite guerre ;
quant au x soldats, partout où il en v o y o it,
ils étoient toujours sous les armes ou à s’exercer.
Il concluoit de tout cela que nous devions
certainement songer à faire la guerre au x
Japonois; ca r, dans cette partie du monde,
la Russie n’a voit que deux vo is in s , cette
nation et les Chinois : or, elle entretient des
réfléchir à nos relations avec les Chinois. Leur conduite
insolente et grossière a fourni plus de mille occasions à
notre gouvernement de les châtier; mais l ’humanité et
l ’indulgence l’ont toujours retenu, car il a considéré
que cette nation asiatique ne connoissoit pas les usages
européens.
( )
relations de commerce avec la Chine; donc
tous ces préparatifs hostiles sont dirigés
contre le Japon. Cette dernière conséquence
avoit fait rire aux larmes les deu x bounios;
ils avoient traité Léonsaïmo de fo u , puisqu’il
savoit bien qu’au Japon aussi les petits garçons
s’amusent à se battre au sabre, et que les
soldats font l ’exercice, sans que pour cela
l ’on ait envie de déclarer la guerre. Léonsaïmo
s’excusa de son raisonnement irréfléchi;
ensuite les gouverneurs le réprimandèrent
«l’avoir changé son nom; ils lu i dirent que
s’il eût été qn personnage important, il eût
pu prendre ce parti pour sa sûreté; mais
q u’un homme aussi insignifiant qu’il l ’étoit
s’appelât Léonsaïmo ou Gorodsi, c’étoit très-
indifférent p ou r les Russes. Le pauvre hère
ne put rien dire pour sa justification, avoua
sa faute et demanda pardon. On l ’interrogea
enfin sur les choses remarquables q u i l’avoient
frappé à Irkoustk ; il répondit que la place et
les églises étoient ce qu’il avoit trouvé le plus
à son goût. Il traça le plan de la place et la.
décriv it assez exactement; mais tout ce qu’i l
savoit des églises, c’est qu’il y avoit v u de
belles images e t que tout y reluisoit d’or.
Arrao-Madsimano-Cami le pria de dessiner
T om. IL h