cô té , lo cri usité à la mer comme marque
d’houneur; nous nous adressâmes mutuellement
des souhaits pour notre prospérité ,
ajoutant le voeu de^ la conclusion prompte
d’une alliance entre la Russie et le Japon. Les
Japonois nous firent des salulsà bord de leurs
canots aussi long-temps qu’ils nous virent.
L e v en t étoit favorable et souffloit bon frais;
la corvette s’éloigna avec la rapidité d’une
flèche de ce pays où nous avions souffert
tant d’angoisses, mais dont nous avions appris
à connoîlre les paisibles et généreux ha-
bitans que les européens civilisés à l ’excès
traitent peut-êlre de barbares.
Je demanderai actuellement la permission,
de faire une remarque sur l ’opinion des personnes
qui attribuent la conduite bienve illante
des Japonois'envers nous et notre délivrance
à leur pusillanimité,et enfin à la crainte
du ressentiment et des vengeances de là Ru ssie.
Quant à moi, je regarde l ’humanité comme
le seul mobile de tout ce qu’ils firent;-non pas
précisément parce que de bonnes aclions doiv
en t nécessairement être le résultat de motifs
louables, mais parce qmj »e puis apporter des
preuves convaincantes à l ’appui de mon assertion.
En effet, si la crainte p u t, vers la fin,
influer sur la conduite des Japonois, elle eût
dû vraisemblablement les obliger plutôt à se
réconcilier avec nous. Mais, au contraire, ils
avoient d’abord résolu d’employer la fo rc e ,
et avoient donné ordre de dire à M. Ricord
que nous avions tous été mis à m o r t, tandis
que nous étions en v i e , et que l ’on prenoit
le plus grand soin de notre santé. La crainte
n’eût d’ailleurs produit réellement de l ’effet
que dans le cas où la partie orientale de
l’empire de Russie seroit dans le même état
que la partie occidentale, et les Japonois
connoissent très-bien la différence prodigieuse
qu’elles présentent. A u reste, le lecteur
peut, d’après ma relation, peser les motifs q u i
ont fait agir les deux partis, et ensuite déduire
ses conclusions.
Pendant notre traversée de Chakodade au
port Saint-Pierre et Saint-Paul, il ne nous
arriva rien qui mérite d’être c ité , qu’une
tempête épouvantable que nous éprouvâmes
dans la n u it, sur la côte orientale de l’île de
Matsmaï. Je conviens q u e , ni en automne
dans les parages du cap H o rn , ni en h iv e r
en allant du cap de Bonne-Espéranee à la
Nouvelle-Hollande, nous n’avions été assaillis
de tourmentes si violentes et si dangereuses,
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