« que je sais, reprit-il d’un ton expressif. *
— cc Je lu i dis alors que les Japonois ne p o u -
vo ien t, sans le consentement de la cou r, se
servir d’un de nos matelots pour porter la dépêche
des magistrats de Matsmaï à nos bâti-
mens, et qu’en conséquence ils devraient aussi
la consulter pour apporter un changement
quelconque au x mesures qu’ils comptoient
prendre ; que la décision finale se feroit probablement
attendre long-temps, et que je
n ’étois nullement disposé à prier les Japonois
de l ’envoye r à nos bâtimens. y>-— «Oui dà, r e -
« p r it-il; vous reconnoîtrez votre erreur, et
« vous vous en repentirez , mais i l sera trop
« tard. »
Je ne compris pas ce que signifioient ces
menaces, et je restai plongédansla plus grande
incertitude. Le lendemain, M. Moor me parla
ainsi à travers la cloison. «Un soldat m’a r é -
« v é lé , sous le sceau du seéret, que les Japo-
« nois avoient le projet de tendre un piège à
« l ’équipage de notre corvette, afin de saisir
« autant d’officiers et de matelots qu’ils en
« tiennent actuellement prisonniers, et de
« nous relâcher en échange. Comme l ’exécu-
« tion de ce dessein pourrait faire répandre
« beaucoup de sang, je vous conseille d’y ré-
« fléchir mûrement, et de consentir à ce que
« j ’aille le premier à bord de la D ia n e , car
« certainement les matelots ne pourront pas
« parler aussi sensément que moi. Je persua-
« derai au capitaine Ricord de nous dégager
« volontairement. »— Un enfant n’eût pas eu
grand’peine à reconnoître que tout ce discours
n’étoit qu’un conte en l ’air. Un soldat eû t- il
réellement pu découvrir un tel secret ? D’ailleurs
l ’homme qu’il citoit étoit un vieillard
de soixante-dix ans. Je répondis donc très-
sèchement que ce récit me sernbloit bien difficile
à croire. La chose n’en resta pourtant
pas là. Bientôt M. Moor ajouta que les Japô-
nois songeoient sérieusement à s’emparer de
notre corvette, ainsi que.de tout l ’équipage,
qu’ensuite ils enverraient une ambassade à
Ochotsk sur un bâtiment de leur pays. I l assura
qu’il tenoit ces détails du v ie u x soldat
et d’un autre plus jeun e, et objecta de nouveau
qu’il devoit aller à bord au lieu des matelots.
Ce nouveau tour d’imagination étoit
encore plus ridicule que le premier; je me
contentai donc de répondre : « La volonté de
« Dieu soit fa ite , » et je ne dis pas un mot
de plus.
Cependant nous avions traduit la lettre qui