avqit prise, pensant que leur stricte surveillance
n’étoit plus nécessaire. M. Moor aimoit
beaucoup la chasse, et nous demanda la permission
de jou ir de ce divertissement; noiys
ordonnâmes, en consequence, à un des gardes
de le suivre avec un fu s i^ d e le lu i donner
quand il en auroit besoin, et de ne jamais
s’éloigner de lu i d’un seul pas.
Un jou r qu il se promenoit sur le rivage de
la baie d’Àvatch a a v e c son fu s il, il dit au soldat
qui l ’accompagnoit d’aller dîner : « Ne crains
« r ien , ajouta-t-il en riant; car, si je voulois
<c me tuer, je pourrais en venir à bout chez moi
« avec un couteau ou une fourchette. » Le
soldat obéit. V oyant que M. Moor restoit
bien long-temps, il sortit pour le chercher,
et le rencontra étendu sans vie sur le bord
de la mer. Ses habits étoient suspendus à un
poteau, son fusil placé à côté de lui, un bâton
posé sur la détente ; il â vo it poussé ce bâton
avec les pieds. En ouvrant son corps, on
trouva dans la poitrine deu x morceaux de
plomb dont i l s’étoit servi au lieu de balles*
11 avoit laissé, sur une table, dans sa maison,
une lettre dans laquelle il disoit que la vie lu i
étoit insupportable et qu’il lu i sembloit souv
ent qu’il avoit avalé le soleil. Sa conduite
( 281 )
prouvoit évidemment qu’il étoit sujet à des
accès de folie ; ce sera vraisemblablement dans
un de ses transports qu’i l aura attenté à ses
jours.
T e lle fu t la triste fin de ce malheureux officier,
dans la trentième année de sonâge.Nou3
élevâmes à nos frais un monument sur sa
tomb e, et nous y plaçâmes cette inscription :
C l -G lT IjA d é p o u i l l e m o r t e l l e
d e F r é d é r i c D e MOOR ,
LIEUTENANT DE VAISSEAU.
IL TERMINA SA CARRIERE A LA FLEUR DE SON AGE
DANS LE PORT DE S a IN T -P i ERRE ET S a IN T -P à UL ,
LE X X I I NOVEMRRE MDCCCXIII.
LE GÉNIE PROTECTEUR
QUI LE CONDUISOIT DANS LE SENTIER DU BIEN
l ’a b a n d o n n a AU JAPON.
LE DÉSESPOIR
LE PRÉCIPITA DANS DES ERREURS.
UN REPENTIR AMER ET LA MORT
EXPIÈRENT SA FAUTE.
,
COEURS SENSIBLES ,
DONNEZ UNE LARME A SA MEMOIRE.
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C e MONUMENT
LUI A ÉTÉ ÉRIGÉ PAR LES OFFICIERS DE LA CORVETTE
l a D i a n e .