observations astronomiques. Nous passâmes
exprès par ce large détroit pour entrer dans
la mer d’Ochotsk, et nous reconnûmes la
partie occidentale de quelques îles situées
dans le nord. Ensuite nous repassâmes dans
l ’océan oriental par un nouveau détroit entre
Roïkokè et Matoua : comme il n’étoit encore
nommé sur aucune carte , nous lu i donnâmes
le nom de G o lo vn in , en l’honneur de notre
malheureux capitaine, qui avoit contribué si
glorieusement au but de notre campagne dans
ces mers.
L e 22 septembre, nous aperçûmes les
cimes des volcans brûlans du Kamtschatka,
qui étoient déjà couvertes de neige. La v e r -
- dure tapissoit encore les va llé e s, et la température
étoit assez chaude. Caki avoua q u e ,
dans ses voyages à Itouroup et à Ouroup
dans cette saison, il avoit aperçu bien plus
de neige sur les côtes, et avoit trouvé le froid
plus sensible. Nous nous approchions de la
haie d’Avatscha avec bon vent* et en nous
flattant de l ’espérance d’entrer le lendemain
dans le port de Saint-Pierre et Saint-Paul ;
tout-à-coup le vent changea, et nous repoussa
au large. En nous approchant pour la
troisième fois de la baie avec beaucoup de
p e in e , nous fûmes sur le point de faire naufrage
par une nuit extrêmement obscure.
E n fin , le 5 octobre, nous mouillâmes dans le
port, où se trouvoienttrois bâtimens : un, qui
apportoit des provisions d’O chotsk ; les d eu x
autres, portant le pavillon des Etats-Unis
d’Am é r iq u e , appartenoient à M. D o b e ll, citoyen
de cette républiqué. Ils avoient pris
leur chargement en partie à Canton, en partie
a Manille. Dobell , qui commandoit lui-même
un de ces n av ire s, avoit formé le plan d’étab
lir , entre ces pays et la C hin e, ainsi que
d’autres contrées voisines, et abondantes en
productions diverses, un commerce qui eût
été bien avantageux aux premiers, où l ’on
désiroit depuis long-temps qu’il pût avoir
lieu.
Mon premier soin fu t de débarquer notre
bon japonois. Il avoit l’air triste et abattu, ce
que j’attribuois aux fatigues du voyage; mais
son chagrin avoit un tout autre motif. Des
officiers et plusieurs de nos amis vinrent à
bord pour nous féliciter sur notre re tour;
^alors Caki commença à s’inquiéter sur son
sort. Il crut, en se rappelant les lois de sa
pa trie , qu’on lu i ferait subir au Kamtschatka
¿me détention aussi rigoureuse que celle à