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débarquement da brig; l'inflexible Léonsaïmo
né voulu t pas y consentir. Le Japonois rev
in t le lendemain matin : « Le commandant,
« me d it-il, a reçu la le ttre , mais n’a pas
« voulu répondre par écrit; il s’est borné à
« me dire : c’est bon; que le capitaine russe
cc vienne conférer dans la ville . » C’étoit refuser
implicitemënt ; car il eût été bien imprudent,
de ma part , de consentir à cette
proposition. Quant aux motifs de notre débarquement,
le commandant avoit répondu :
<c Quels effets? ils ont été rapportés dans le
« temps. » Cette réponse ambiguë détruisit
l ’espérance que nous avions conçue, que nos
compagnons vivo ient encore. A u reste, mon
Japonois n’avoit pas encore osé passer la nuit
dans la ville; il étoit resté au milieu de l ’hérbe,
vis-à-vis de la corvette.
Il me parut inutile de parlementer davantage
par l’entreprise de Japonois qui n’en-
tendoient pas le russe. Nous ne recevions pas
de réponse par écrit à nos différentes lettres;
il ne nous restoit donc d’autre parti àprendre
que de quitter l’île avec l ’affreuse incertitude
du sort de nos compagnons. Léonsaïmo, il
est v ra i, coraprenoit le russe, mais je ne
voulois l ’envoyer au commandant que dans
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un cas de nécessité absolue, craignant que si
on le retenoit dans l ’î le , ou que s’il prenoit le
parti de ne pas rev enir, nous ne fussions
privés de notre unique interprète. J’eus donc
auparavant recours à un autre moyen. Je
pensai que, sans-offenser l ’équité ni manquer
à nos intentions pacifiques envers les Japon
o is , nous pouvions surprendre à l ’im p ro -
viste un des navires japonois qui vont et
viennent dans la baie, et, sans employer les
armes, saisir un homme d’une certaine considération
qui pourroit nous donner des
nouvelles sûres de nos compatriotes ; alors
nous serions à même de sortir de notre position
actuelle qui nous étoit à charge par notre
inactivité forcée, et peut-être éviterions-nous
une visite future à Kounascliir; car tout ce
qui s’étoit passé ne nous donnoit pas lieu
d’espérer qu’elle eût un meilleur succès que
notre expédition actuelle. Par malheur, il ne
parut pas un seul navire dans la baie pendant
trois jourâ; nous crûmes que l ’automne avo it
déjà fait cesser la navigation. Toute notre
espérance reposoit donc sur Léonsaïmo. A fin
de connoître ses intentions avant de l ’envoyer
à terre, je lu i dis d’écrire à sa famille, parce
que le lendemain nous remettrions en mer.
T om. II. " a i