« nous soyons coupables ou innocens; ce -
« pendant, je vous en conjure,regardez-moi
« comme le seul coupable, car mes compas
« gnons n’ont agi que d’après mes ordres. »
— « Il est Jouable, me dit le gouverneur
« qui avoit écouté cette confession avec plai
« s ir , de prendre une faute sur soi pour ju s -
« tifier ses compatriotes; néanmoins, dans ce
<£ ca s , on ne peut pardonner qu’aux mate-
« lots d’avoir obéi à vos ordres; quant à
« M. Chlebnikoff, qui,de même que vous, est
« officier, il doit savoir que vous avez le
« droit de lu i commander quand vous êtes
« tous deux a bord dé votre vaisseau, mais
« non dans une prison. » — Puis s’adressant
à M. C hlebnikoff, le bounio lu i demanda s’i l
se reconnoissoit coupable. Aussitôt M. Chleb-
hikofl présenta des raisonnemens pour notre
ju s tifica tion , cherchant à démontrer q u e ,
d’après toutes les lois de l ’équité et de l ’h u manité,
nous ne pouvions pas être condamnés;
les Japonois commencèrent à se fâcher,
répétant continuellement qu’ils ne poüvoient
pas soumettre de telles réponses à leur empereur.
E n fin , à force de flatteries et de fâ cheries,
ils nous amenèrent à déclarer ouve rtement
que nous n’avions pas bien a g i, et
q u e notre conduite ne pouvoit nous être
avantageuse Lcet aveu les satisfit.
Bientôt après, le gouverneur nous congédia
;*et garda M. Mooret A lex is . Je dois observer
ici q u ë , lorsque je dis au x Japonois
cembien mon pied me faisoit so u ffr ir , et que
j’avois de la peine à me tenir debout , le gouv
e rn eur ordonna aussitôt de me donner une
chaise, et me laissa assis tout le temps. A u
sortir de la salle, on nous lia de nouveau les
mains, et l ’on nous reconduisit en prison dans
le même ordre qu’en venant. En rentrant danS
la cage, je tro u v a i, au lieu de la v ie ille robe-
de-chambre, mon ancienne couverture et une
robe-de-chambre ouatée; on a vo it aussi, durant
notre absence, eu les mêmes attentions
pour mes compagnons.
On nous traitoit comme des gens condamnés,
et absolument de même que le Japonois
prisonnier avec nous. Quoique ce traitement
nous parût un peu d u r , je dois néanmoins
avouer qu’à cet égard, les lois japonoises sont
incomparablement plus humaines qué celles
de la plupart, et peut-être de tous les états
d’Europe. Nous étions dans une prison v é r itable
avec cm criminel; je pense donc que