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l’interrogatoire qu’il leur fait subir. — Ils sont renfermés.
L ’îl e de Matsniaï a, en longueur du sud au
nord, deux cent cinquante-cinq milles géographiques,
e t , en largeur de l’est à l ’o u e s t,
d eu x cent cinquante. Elle est extrêmement
montueuse; le pays n’est plat que le long des
côtes, et seulement à une petite distance du
pied des montagnes qui s’élèvent graduellement,
et sont séparées les unes des autres par
des ravins profonds. Cette chaîne de montagnes,
prodigieusement haute , ne conserve
pas la même élévation partout. L ’intérieur de
l ’île est inhabité. T ou s les villages japonois et
Jtouriles sont situés le long des côtes.
A peu près à deu x verstes du r iv a g e , nous
commençâmes à gravir les montagnes, en
cherchant, quand nous le pouvions, à nous
diriger vers le nord. Les étoiles nous guidoient.
E n gravissant la première inontagne, je ressentis
une v iv e douleur au genou q u i, tout
d ’un coup, s’enfla excessivement. Quand nous
marchions sur un terrain u n i, je pouvois encore,
à l’aide d’un bâton, avancer doucement
avec le pied malade, et la douleur s’appaisoit
un peu; mais, en montant ou en descendant,
obligé de m’appuyer sur ce pied, je souffrois
des tourmens incroyables. En ou tre , comme
je ne pouvois pas mouvoir également mes
deux pieds, je ne tardai pas à être extrêmement
fatigué et presque hors d’haleine. Cet inconvénient
obligeoit mes compagnons de faire
halte presque a chaque dem i-h eu re , afin que
je pusse me reposer et ménager un peu ma
jambe.
Notre projet étoit d’atteindre avant le jo u r
la partie des montagnes couverte de forêts
afin de nous dérober au x poursuites de l ’ennemi;
car les Japonois devoient maintenant
avo ir pour nous une haine implacable. Dans
nos promenades au milieu des vallées qui entourent
la v i lle , la forêt ne nous paroissoit
pas éloignée ; mais àprésentnous reconnûmes
combien nous nous étions trompés. N ’ayant
pu retrouver un sentier qui menoit dans les
bois, nous montions toujours droit devant
nous. La nuit, extrêmement noire, nous per-
mettoit à peine de distinguer les objets à
quelques pas de distance; de sorte que quelquefois
nous nous trouvions tout-à-coup