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de ces négociations que ce que les Japonois
nous en apprirent. Koumaddjéro,qui y avoit
-assisté avec Sampéï, nous fit espérer qu’elles
seroient couronnées d’un plein succès; il at-
tribuoit ce succès au talent de M. R ico rd,
qui avoit su tellement gagner J’esprit de
Tacataï-Caki et lu i inspirer une si haute idée
du caractère lo y a l et bon de la nation ru s se ,
que celui- ci étoit prêt à certifier par serment,
devant ses supérieurs, la vérité de nos déclarations.
Caki traita son compatriote Go-
rodsi de menteur et d’homme déloyal pour
avo ir dit du mal des Russes, assurant qu’il
mourroit plutôt que de reconnoitre comme
fondée l ’opinion du gouvernement japonois
surnotre nation. Ces expressions produisirent
un tel effet sur Sampéï , qu’il renonça aussitôt
à quelques conditions qu’il vouloit im<-
poser à M. Ricord. Î1 se désista, entre autres, de
celle d’exiger que toutes les armes appartenantes
a u x Japonois, qui avoient été enlevées
par Chvostoff, fussent rendues sans délai, et
se borna à demander qu’i l rapportât seulement
celles qui se trouveroient ehcore à
Ochotsk; ajoutant que s’il n’y en'-avoit plus,
l ’on se contenteroit, pour toute satisfacton,
du certificat attestant que Chvostoff avoit
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effectué ses deux attaques de son chef. Caki
ne tarissoit pas dans ses éloges de M. Rricord,
des officiers de la D ia n e , et en général de
toutes les personnes qu’il avoit connues au.
Kaintschatka.
Il arriva à Matsmaï, et n’osa pourtant pas v e nir
nous rendre visite, quoique cette entrevue
fît de sa part, et de la nôtre l ’objet des voe u x
les plus vifs. Conformément anx lois japo-
noises, il étoit constamment surveillé, Néanmoins
ses amis et ses connoissances pou voient
l ’aller v o ir , rester avec lu i tant qu’ils le v o u la
ie n t , et lu i parler librement, mais toujours
en présence de quelques soldats impériaux.
Quelques mois avant son arrivé e , ses p a -
rens, inquiets de son sort, interrogèrent un
prêtre de Matsmaï pour savoir s’il reviendroit
dans sa patrie; ce prêtre se vantoit de prédire
l ’avenir. Voici quelle fu t sa prophétie : « Caki
« reviendra bien portant l’été prochain avec
te deux de ses compagnons, les deux autres
« mourront en pays étranger. » Les Japonois
nous communiquèrent dans le temps cette
prophétie dont nous né fîmes que r i r e , leur
disant qu’en Europe ces devins passent pour
des imposteurs, et qu’ils ne sont pas autre
chose. Les Japonois répliquèrent qu’ils ne
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