a ctu e lle , comme je l ’ai appris ensuite de
M. Golovnin, n’avoit pour motif que l’usage
de la politesse la plus commune. Je répondis
à Caki avec quelque chaleur ><t II m’est im-
« possible, vêtu de mon grand uniforme, et
« l ’épée au côté, de n'avoir que des bas au x
« jambes. Je sais bien que chez vous c’est
s<c l ’usage, en entrant même dans une chambre
<c ordinaire , d’ôter auparavant vos chaus-
« sures; mais toi qui es un homme instruit,
« tu sais combien vos usages diffèrent de
te ceux des Européens. Vous autres, par
ce e x em p le , grands et petits, vous ne portez
« pas de culotte; vous suppléez à ce manque
ce de décence, par des vêtemens très-amples,
« qui ressemblent à nos robes de chambre,
« habillement dont nous ne nous servons
.« que dans nos chambres à coucher. Vous
ce n’entrez pas dans une maison étrangère
cc avec les pieds couverts; chez nous ce se-
tt roit non seulement une grossièreté, mais
ce même une honte de se montrer pieds nus;
ce car cela n’appartient qu’aux criminels dans
« les fers. Comment donc peux-tu proposer à
<c un homme de mon rang de paroître les
« pieds nus ? »
Tacataï-Caki ne sut que me répondre ,
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ayant regardé comme de nulle importance
pour nous ce point q u i, dans nos moeurs, en
avoit tant. Après un moment de réflexion, je
lu i dis que j’étois disposé, pour que rien ne
s’opposât à l’entrevue si désirée, à donner une
marque de complaisance. ce Chez n ous , ajoute
ta i-je , quand nous voulons témoigner du
ce respect aux grands personnages, nous chante
geons, dans leu r antichambre, nos bottes
te contre des souliers. » — et C’est assez, s’é -
ec cria Caki transporté de jo ie ; des d eu x côtés
te la politesse ne sera pas blessée. Je compare
te vos souliers au demi-bas japonois; je dirai
te que vou s consentez à ôter vos bottes, et à
et entrer dans la salle d’audience en bas de
ec cuir. » — Il alla aussitôt à terre, e t , à ma
grande surprise, revint dans la soirée m’annoncer
que les magistrats étoient parfaitement
satisfaits de ma condescendance relativement
à la chaussure; que d’a illeurs si je le
désirois, je pourrois paroître en bottes, mais
q u e , dans ce cas, ils ne pourroient me recev
o ir assis à g en oux ; qu’ils seroient obligés
de s’asseoir à l ’européenne sur des chaises
préparées à cet effet; ce qui, au Japon, est considéré
comme une sorte de manque d’égards,
et même comme une grossièreté.