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long du rivage, elle passoit par la plaine,et vers
ces ravins dont les pentes étoient extrêmement
roides et sinueuses. Nous nous égarions fréquemment,
surtout dans les enfoncemens; le
sol en étoit ordinairement composé de sable
et de gravier, dont nous ne savions comment
nous tirer. Quelquefois nous cherchions inutilement
le chemin pendant des heures entières;
et, faute de le retrouverai falloit grimper
dans l’obscurité avec une peine extrême, et
ce n’étoit pas non plus sans danger. D’autres
fois nous perdions dans le sable la trace de la
voie ; et en avançant nous rencontrions des
rochers qu’il étoit impossible de franchir; au
risque de nous casser le c o u , nous Ressayâmes,
mais rarement; le plussouventnousrebroussions
chemin.
Le sol montagneux de Matsmaï et des
autres îles Kouriles empêche les Japonois de
s ’y servir de voitures. Tous les fardeaux y
sont transportés par eau, ou bien par des chev
a u x ou des boeufs. Les employés du gouvernement
et les personnes de considération
v o y a g en t, les uns en litières et en no rim on ,
les autres à cheval. I l n’y a donc pas, à proprement
p a r le r , de grande route ; l ’-on ne
trouve que des sentiers qu i, pour faciliter la
marche des ch e v a u x , suivent des directions
sinueuses sur le penchant des montagnes.
L e 28 a v r il, avant le jou r , nous rentrâmes
dans les montagnes pour nous y cacher pendant
le jour. Quand i l fit c la ir , nous nous
trouvâmes sur une haute montagne presque
pelée; il étoit de toute impossibilité de nous
y dérober au x regards; enfin, à force de
ch e r ch e r , nous découvrîmes quelques buissons
dans un chemin c reu x ; nous en arrachâmes
d’autres que nous vîmes un peu plus
lo in , 110ns les fichâmes en te rre , et nous
nous couchâmes derrière cette haie. Par malh
eur il n’y avoit n i eau n i neige sur cette
montagne, de sorte que nous souffrîmes beaucoup
de la soif. De l’autre coté du ravin, v i s -
à -v is de nous , un chemin condnisoit dans la
fo rê t; nous y vîmes passer plusieurs fois des
hommes et des ch e v au x de charge qui a l-
loient et venoient ; nous apercevions les
premiers si distinctement que nous eussions
pu les reconnoitre si leu r figure nous eût été
familière. Ils ne nous v iren t pas; un regard
un peu attentif jeté de notre côté eût p u
nous découvrir à l ’instant.
Durant la jo u rn é e , n ous nous occupâmes.