sur le navire nous donnoit quelque sujet de
consolation.
A y an t demandé ce que disaient les Japonois
revenus dé Russie, Koumaddjéro nous
assura qu’ils confirmoient nos déclarations.
Nous apprîmes enputre que l’ un d’eux se trou-
voi t parmi ceux que Chvostoff avoit enlevés de
Kounaschir et s’appeîoit Goroclsi; les papiers
de M. Ricord ne faisoient pas mention de cette
particularité; il y étoit désigné sous le nom
de Léonsaïmo, négociant de Matsmaï , parce
q u’il avoit cru nécessaire de tromper les
Russes en se donnant un autre nom que le
s ie n , et se faisant passer pour un commerçant.
A la lecture des papiers, les Japonois
remarquèrent aussitôt qu’il n’y avoit pas à
Matsmaïde négociant q u is ’appelâtLéonsaïmo,
et que ce devoit être quelque autre personne.
E n e ffe t,ilrém plis so it àltouroup lesfonçtions
d’inspecteur des pêcheries d’un cornmerçantde
cette île. Un de ses compagnons qui avoit été
enlevé au mêmetemps quelui, étoit mort pour
a vo ir mangé trop de chair de baleine quand ils
s’étoient ensemble enfuis d’Ochotsk; quant à
Gorodsî, Jes Tongouses l ’avoient arrêté et
liv r é aux Russes. Une circonstance venoit à
l ’appui de l’assertion de Koumaddjéro, que
les déclarations des Japonois revenus de Russie
s’accordoient avec les nôtres, c’est que le
gouverneur nous fit faire des habits de soie ,
quoique nous n’eussions pas besoin de v ê te -
mens. Ayant appris qu’un de nos matelots
étoit ta illeu r , le bounio se contenta de nous
en vo y e r l ’étoffe, afin que nous pussions faire
faire nos habits à notre fantaisie. Nous préférâmes,
pour notre commodité, d’avoir, comme
les matelots, de larges pantalons et une veste.
L ’attention du bounio nous donna lieu de
conclure que les nouveaux débarqués avoient
dû dire du bien des Russes;
Peu de jours aprè s, M. Moor nous apprit
que le gouverneur étoit m o r t , et q u e , conformément
aux lois du p a y s , la nouve lle dev
o it en être tenue secrète pendant quelque
temps. Quand un homme en place v ien t à décéder,
il est d’usage de ne pas le divulguer
avant que la cour lu i ait nommé un successeur,
ou ait donné un grade à son fils aîné. S’il ne
laisse pas d’enfans mâles , on accorde une grâce
à sa famille ou à son plus proche parent , afin
de calmer leur douleur. A u re s te , l ’événement
n’est caché que pour le public; on se le
communique l'u n à l’autre sous le sceau du