dans cette demande qu’un prétexte pour les
faire donner dans un nouveau piège. Comment,
en effet, pourroienl-ils croire que les Ja-
ponois agissoient. franchement et loyalement,
puisqu’ils exigeoint que les vaisseaux russes
fussent obligés d’entreprendre un si long
voyage pour une affaire qui pouv'oit se traiter
bien plus commodémentet p lusprompteinent
dans un port des Kouriles, Le conseil ayant
remontre qu’il ne pou voit, sans enfreindre les
lois de l ’empire, permettre à des vaisseaux
russes d entrer dans un autre port que celui,
de Nangasaki , Arrao-Madsimano-Cami leur
adressa cette réponse remarquable : « Quand
<c le so le il, la lune et les étoiles, ouvrages
« du tout-puissant, sont soumis à des chance
gemens dans leurs cours, les Japonois ne
cc doivent pas regarder leurs lois, ouvrages
cc de foibles mortels, comme éternelles et
cc immuables. » Il finit par leur persuader
d’autoriser le gouverneur de Matsmaï à entrer
«n négociation avec les bâtimens russes et de
ne pas exiger qu’ils allassent à Nangasaki.
Teské nous assura qu’aucun des grands du
Japon n auroit osé faire une semblable remontrance
au conseil suprême ; mais Arrao-
Madsimano - Cami, qui étoit généralement
considéré par son rare mérite et ses vertus
e t q u i, en outre, étoit extrêmement aimé du
peuple, ne craignoit pas de dire la vérité. De
plu s, il avoit pour beau-frere le gouv e rn eur
général de la capitale, dignité remplie ordinairement
par des hommes qui approchent
immédiatement le souverain. E n fin , il étoit
frère d’une des concubines du monarque*
cette dernière raison, si les Européens en
veulent juger impartialement , n’étoit pas
moins puissante que les autres.
Nous sûmes encore par T e sk é , qu’à la v é rité
Arrao-Madsimano-Cami n’étoit plus gouverneur
de Matsmaï, mais qu’il avoit obtenu
un autre poste plus important. Il étoit directeur
général des bâtimens impériaux, dans
toute 1 etendue du Japon. Les appointemens
de cette place étoient cependant moins considérables
que ceux qu’il avoit auparavant,
parce qu’à Matsmaï tout est plus cher que
dans la capitale où il devoit résider à l ’avenir.
Il avoit à Matsmaï 3o,ooo grosses pièces d’or,
et recevoit en outre du r iz pour une somme
à peu près équivalènte; quelquefois même
elle etoit plus forte, su iv an t que le p r ix de
cette denrée montoit.
Teské resta si long-temps à converser avec