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« à vous échapper, le gouverneur et p lu -
« sieurs autres officiers eussent perdu la vie?»
*— a Nous présumions que les gardes, ainsi
« que cela se pratique en Europe, seroient
« punis ; mais nous ne pensions pas que les
« lois du Japon pussent être si cruelles que
« de condamer à mort des innocens.» — A
ces mots, M, Moor déclara au gouverneur,
d’un ton très-décidé, que nous devions con -
noître cette lo i japonoise, lui-même nous en
ayant instruit.— « Il est vrai que M. Moor nous
« a parlé d’une loi semblable, mais nos idées
et européennes ne nous permettoient pas de
« croire qu’il nous dît la vér ité ; nous pence
sions que c ’étoit une fable qu’il avoit in -
« ventée pour nous détourner de notre des-
« sein. »
Nous avions réellement douté de l ’e x is tence
de cette loi. On nous avoit dit néanmoins
que le gouvernement japonois avoit
destitué le précédent bounio après l ’attaque
faite par les bâtimens de la compagnie , et qu’i l
se trouve encore sans emploi; le gouvernement
n’avoit pas v o u lu considérer que l ’île où
les dévastations avoient été commises, étoit
extrêmement éloignée du lieu de sa résidence,
et que les hostilités avoient été totalement
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imprévues. Malgré cela, nous ne pouvions
croire que le gouverneur et quelques autres
fonctionnaires publics auroient perdu la v ie
à cause de notre fu ite ; mais nous apprîmes
ensuite que c’étoit bien réel.
« Existe-t-il en Europe, demanda encore
« le gouv e rn eur , une loi d’après laquelle les
« prisonniers doivent prendre la fu ite ? » —
« I l n’y a pas de loi écrite sur ce point; mais
« quand le prisonnier n’a pas engagé sa pa-
cc rôle d’honneur,il lu i est permis de s’évader.»
M. Moor essaya, par ses observations, de
tourner notre réponse en r id icu le , et assura
que pareille chose n’avoit pas lieu. Nous c itâmes
à l ’appui de notre assertion les exemples
du général angloisBeresford, du colonel Pake,
du capitaine Sidney Smith, et de plusieurs
autres personnes q u i, de nos jours, avoient
eux-mêmes brisé les liens de leu r cap tivité ,
et n’avoient pas pour cela encouru le reproche
d’avoir manqué à l ’honneur. M. Moor, avec
un sourire forcé, prétendit que les exemples
que nous venions de citer n’avoient pas eu
lieu.
Le gouverneur finit par prononcer un long
discours dont vo ic i la ten e u r , d’après la traduction
de notre interprète: ce Si vous, étiez