pas encore arrivés an fo n d , que le ravin se
trouva garni des deux côtés de gens courant à
pied et à cheval; ils poussèrent un cri terrible.
Makaroff et moi nous nous dérobâmes à leurs
regards, en nous tapissant derrière un buisson;
nous ne pûmes aller plus loin, et nous nous
assîmes à terre pour attendre nos compagnons
et examiner le nombre de paysans à qui nous
avions à faire, et quelles étoient leurs armes.
Quelle fût notre surprise de v o ir , au lieu de
paysans, des soldats commandés par un officier
a chevai ; ils étoient armés de sabres, de poignards,
de mousquets et de flèches. Nos compagnons
furent à l ’instant entourés et forcés de
se rendre. Nous vîmes les Japonois leur lier
les mains derrière le dos, leur demander où
nous étions, et les conduire vers le bord
de la mer. Sur ces entrefaites, les Japonois
arrivèrent en plus grand nombre, et se mirent
à nous chercher: « Eh bien,-mon capitaine,
qu’a llo n s -n o u s faire, me demanda
Makaroff? » — « Peut-être, répondis-je, les
Japonois ne nous découvriront pas aujourd’h
u i; alors, à; la nuit tombante, nous nous
glisserons jusqu’au rivage, nous nous mettrons
dans un bateau de pê cheur, nous gagnerons
la petite î le , puisla côte de Tartarie.»
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Mais nos vo ile s , la th é iè re , ce qu’il falloit
pour allumer du f e u , les cou teau x , tous ces
objets se trouvoient dans les mains de nos
compagnons, et venoient de tomber au pouvo
ir des Japonois ; nous n’avions que deux
bâtons pointus, le mien armé d’un ciseau,
celui de Makaroff d’un petit couteau. Je proposai,
néanmoins, à mon compagnon, dans
le cas où nous échapperions aux recherches
des Japonois, de prendre par force dans une
cabane de pêcheurs, le long du rivage, ce qui
qui nous étoit nécessaire; il y consentit.
Assis au milieu des buissons, nous apercevions
des soldats et des paysans qui co u -
roient des deux côtés du ravin et nous che r -
choient. Enfin, i l y en eut quatre qui s’avan cèrent
directement vers nous. D eu x étoient
armés de sabres, et les deux autres de piques.
Le reste de la troupe marchoit de file avec
ceu x -c i de chaque côté du ch em in , tenant
leurs armes et leurs flèches toutes prêtes.
Ceux qui venoient à nous fouilloient d’abord,
a vec leurs p iqu e s , chaque buisson où un chien
auroit eu bien de la peine à se cacher, et ensuite
s’en approchoient. Ils n’étoient pas bien
loin de nous, et je tenois ma pique à la main;