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« songeant à tontes lés peines que vous vous
« donnez tous pour obtenir notre délivrance.
« A d iéu , mon cher ami ; adieu, mes chers
« amis. Cette lettre est peut-être la dernière
« que j’écrirai. Portez-vous b ie p , v iv e z con-
<c te n s , soyez heureux. Ce io a v ril 1813.
« De Chakokade, où je suis tenu en capti-
<c v ite par les Japonois. Votre dévoué ,
« VASSILI GoeLOVNÏN. »
On v o it, par cette le ttre , que le capitaine
me conseilloit de ne pas trop me fier à la
lo yauté douteuse des Japonois , et de consulter
Simanoff sur la conduite que j ’â vo isà
ten ir si l ’affaire prenoit une tournure fa vo rab
le , parce qu’il l ’avoit instruit "dé sa façon
de penser ; mais ce dernier étoit tellement
é tou rd i, et hors de lu i de se vo ir inopinément
hors de la prison, et au milieu de ses
camarades, qu’il avoit presque toujours l ’air à
moitié fou. J’eus beau m’y prendre de toutes
les manières pour connoître les instructions
dont on l’avoit chargé, je n’en eus pas d’autre
réponse que ce lle -c i: «Q u e me dernandez-
« vous ? tout se trouve dans la lettre. î>—
Il pleuroit comme u n enfant, et répétait sans
cesse: « Je suis tout seul hors de la prison dés
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« Japonois; les six autrè sy sont encore enfer-
« més; Je crains que, si je ne retourne paé
« bien v ite , ces maudits Japonois ne les
« traitent bien mal.» Vo ilà tout ce que je
pus tirer de ce messager, brave homme, mais
bien borné. Le capitaine s’étoit imaginé; en
écrivant sa le tt r e , que le matelot qu’on nous
expédierait, obtiendroit sa liberté; et retour-
n e ro ita ve c nous dans sa patrie, puisqu’i l fa i-
soit une disposition en sa fa v eu r ; cétte attention
fournit une nouvelle preuv e du caractère
excellent de notre digne chef.
Persuadé que je pouvois me reposer sur
la loyauté de Gaki comme sur un roc in é branlable;
je pensai qu’un excès de prudence
étoit in u tile ; ainsi la lettre de mon capitaine
ne servit qu’à m’instruire complètement de
ce que lé gouvernement japonois désiroit dû
n ô tre , et c’étoit pour nous le point lé plus
essentiel.
Après avoir épuisé notre curiosité par mille
questions sur la situation présente fie nos in fortunés
compagnons, nous ramenâmes, dans
la soirée, notre ami Caki à terre, ainsi que S i-
nianoff. Je chargeai le premier de répondre à
T acahassy-Sampéï,que lelendemain, si le v en t
le pe rme ttoit, je méttrois à la vo ile pour