. Je dois observer à cette occasion que les
Japonois 11 ont plus pour les Hollandois autant
d attachement qu’autrefois. L ’interprète
hollandois nous raconta q u e , dans les cinq
deinier.es années, il n’etoit.pas arrivé un seul
navire de Batavia à Nangasaki; ce qui avoit
réduit à une telle détresse les Hollandois
lésidant en ce po r t, qu’ils avoient été obligés
de vendre leurs carreaux de v itre , afin de se
procurer de quoi vivre. Nous demandâmes
pourquoi le gouvernement japonois n’avoit
pas pourvu à leurs nécessités, sachant que
ses dépenses lu i seroient remboursées? « Ah !
« reprit l ’interprète, la façon de penser des
« Japonois sur les Hollandois est bien chan-
« gée; e t, tjlepuis qu’ils savent que leu r pays
« est devenu une province françoise, ils rora-
.« pront certainement toute communication
« avec eux. » — Aujourd’h ui que l ’ancien
ordre de choses est rétabli en E u rop e , et que
la Hollande est redevenue ce qu’elle étoit
autrefo is, je pense que les Japonois laisseront
subsister le commerce avec les Hollandois sur
l ’ancien pied.
La nouvelle la plus intéressante pour nous,
apportée par les Hollandois, fut celle de la
prise de Moscou par les François. On nôus
assura q u e , dans leur désespoir, les Russes
eux-mêmes avoient abandonné leur ancienne
capitale après l ’avoir livrée aux flammes, et
que les François avoient en leu r pouvoir
toute la Russie j usqu’à Moscou. Nous ne fîmes
que rire de ces contes, protestant aux Japonois
que ce 11’étoit pas possible. La conviction
intime, et non l’orgueil, nous faisoit tenir ce
langage. Nous crûmes que l ’ennemi avoit
conclu une paix avantageuse pour lu i; mais
Moscou perdu ! non, non, disions-nous, c’est
une fable inventée par les H ollandois; et cette
idée ne nous tourmenta pas un seul instant.
Le î2 1 août, Koumaddjéro nous confia dans
le plus grand secret que dans cinq à s ix jours
on nous conduirait dans une maison ou l’on
préparait tout pour nous recevoir. Cette nouv
e lle se confirma. Le 26, on nous conduisit
au château, nous y trouvâmes tous les fonctionnaires
publics de la v i lle , réunis dans la
grande salle où Arrao-Madsimano Cami avo it
coutume de nous interroger. Nous y rencontrâmes
aussi l’académicien et l’interprète hol*
landois q u i étoient assis un peu plus bas que
les magistrats. Depuis leu r arrivée à Matsmaï,
ils avoient toujours assisté à nos conférences
avecles officiers civils et àlairaduetion de tous