dispositions des lois sur ce point sont extrêmement
sévères.
Les Japonois ne persécutent pas le s j e l i -
gions étrangères. Ils tolèrent dans leur empire
différentes sectes, ainsi que la religion des
K ou r ile s , et ne montrent d’intolérance que
contre le christianisme. Dans les premiers
temps de l ’arrivée des Européens au Japon,
les prêtres catholiques qui s’y établirent,
jouirent de toute la liberté imaginable, et
opérèrent un grand nombre de conversions.
Malheureusement la conduite imprudente
de quelques missionnaires occasionna une
guerre civile épouvantable qui finit par l ’e x termination
des chrétiens. Après l ’extirpation
totale du christianisme, on grava l ’article
suivant en tête des tables de la lo i, en pierre,
exposées dans tous les lieu x publics et dans
les principales rues : « Quiconque dénoncera
« et livrera un homme qui aura enseigné la
« religion chrétienne, recevra une récom-
« pense de cinq cents pièces d’argent. » Une
lo i défend aussi à tout habitant du Japon de
prendre aucun individu à son se rvice, avant
tju ’il lü i ait m ontré un certificat attestant qu’il
n’est pas chrétien. A Nangasaki, où le christianisme
avoit fait les plus grands progrès, l ’on
vo it un escalier sur les marches duquel sont
placés différens symboles de la religion catholique,
entre autres un c ru c ifix , qui se
trouve sur la première. Le premier jour de
l ’année japonoise, tous les habitans de Nan-
gasaki sont obligés de monter cet escalier
pour prouver qu’ils ne sont pas chrétiens.
Les interprètes nous assurèrent que des chrétiens
qui demeurent dans cette v ille , se soumettent
aussi à cette cérémonie pour leur sûreté
personnelle. Cela ne doit pas surprendre,
car ne voit-on pas chaque jour la même chose
en Europe? Proférer un faux se rment,n’est-
ce pas abjurer la foi chrétienne?
Au milieu de juin, l ’on nous conduisit tous
pour la seconde fois au gouverneur; on nous
donna lecture de nos dépositions, en présence
du bounio et de plusieurs autres magistrats;
puis l’on nous demanda si elles étoient rendues
exactement. On avoit omis tout ce qui
pouvoit entraîner des suites fâcheuses pour
les Japonois impliqués dans notre affaire. S u ivant
notre promesse, nous ne relevâmes pas
cet oubli; mais lorsqu’on lu t les déclarations
de M. Moor, nous nous permîmes d’en blâmer
plusieurs passages, car il se disculpoit entiè