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d un oiseau, ou si des chasseurs s’étoient caches
dans la cabane. A u bout d’un certain
temps, nous nous approchâmes, et nous reconnûmes
que, dans l ’obscurité, nous avions
pris deux tas de perches pour des huttes.
Nous en choisîmes quelques-unes pour nous
tenir lieu de lances, et nous continuâmes à
marcher.
A r r iv e s au sommet de l ’autre montagne,
nous nous trouvâmes sur un grand chemin
qui inenoit au n o rd , et par lequel on approvisionne
la v ille de bois et de charbon. Nous
vîmes bientôt que personne n’y avoit encore
passé depuis le commencement du printemps,
quoiqu’il y eût de toutes parts des feux allumes
pour faire le charbon. De chaque côté
de la route, le bois taillis étoit touffu, et l’herbe
etoit très-haute. Un peu après minuit, nous
entrâmes dans le bois pour y dormir; ca r,
dans la caverne, les pierres pointues ne nous
avoient pas permis de fermer l ’oe il un seul
instant. Après un sommeil de deux à trois
heures, nous continuâmes à marcher le long
de la route q u i, par différentes sinuosités,
nous conduisit dans une ravine arrosée par
une petite rivière couverte, en quelques endroits,
d une glace si fo r te , et d’une neige si
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épaisse, qu’elle nous porta aisément. Là ,
nous perdîmes le chemin,et nous traversâmes
le ravin snr la neige, jusqu’au pied de la
montagne la plus vo is in e , où nous espérions
la retrouver; nous ne pûmes découvrir qu’un
sentier qui nous fit arriver au sommet de la
montagne; elle étoit plus haute que toutes
celles que nous avions franchies jusqu’alors.
Nous n’avancions que lentement, étant souv
en t obligés de nous arrêter pour nous reposer,
de sorte que nous n’atteignîmes la
cime qu’un peu avant le point du jour. Nous
y trouvâmes une place commode pour y dorm
ir, et nous prîmes le parti d’y rester toute
la journée ; nous nous enfonçâmes dans le
bois où nous abattîmes les buissons, afin de
pouvoir nous coucher les uns près des autres
pour nous réchauffer un p e u , parce que la
matinée étoit fro id e , et nous n’étions pas
vêtus très-chaudement. Mais il nous fu t impossible
de rester couchés plus de d eu x
heures ; le froid ne nous permit pas de
dormir.
Quand il fit grand jo u r , nous nous levâmes
pour examiner les objets autour de nous ;
nous étions sur une montagne extrêmement
élevé e, et entourée de tous côtés d’un grand