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états de l’Europe, et notamment ayec laFrance.
Je m’aperçus aisément que tous ces rensei-
gnemens venoient d’une même source; p lu -
sieurs me parurent peu fondés, et je les combattis.
Cette affaire désagréable terminée,le,doyen
des magistrats me dit : cc Ne vous abandonnez
cc n i à la crainte n i au chagrin ; mais persuade
dez-vous que les Japonois sont au^si bons
« que les autres peuples, et que par consé-
cc quent ils ne vous feront pas de mal. » Ce
fu t avec ces paroles consolantes qu’il me congédia.
De retour à la prison, je racontai à
M. Chlebnikoff tout ce qui venoit de se
passer.
Nagacava-Matataro v in t , peu de temps
après, nous v o ir avec les deux interprètes.
Ils apportèrent un papier qui contenoit nos
déclarations, afin d’être d’accord avec nous
sur leu r teneur. Nous vîmes que l ’on avoit
laissé de côté la partie de notre déclaration,
où nous disions comment et où nous nous
étions procuré nos cou teaux , et celle où nous
parlions des ordres concernant la réception à
faire au x bâtimensrusses, ainsi que des troupes
et des canons envoyés à Kounaschir. On m’a-
y e r tit aussi de n’en pas faire mention dans
nos entretiens avec le gouverneur. Cet avis
prouve que l ’on ne s’étoit pas gêné pour
omettre telle ou telle de nos réponses dans le
procès-verbal; nous pensâmes que l ’on avoit
v o u lu par là ménager quelques Japonois impliqués
dans cette affaire; et nous fîmes la réflexion
que, chez nous, ces sortes de subtilités
n’ont pas toujours un si bon motif. Nous acquiesçâmes
donc à cette proposition, car nous
souhaitions bien sincèrement qu’il n’arrivât
pas de mal, à cause de nous, à T e s k é , aux soldats
ni aux domestiques, tous innocens; la
seule chose que l’on pou voit reprocher aux
derniers, étoit la négligence qu’ils avoient
eue de ne pas serrer l ’instrument que nous
avions trouvé.
On nous fit une autre demande, à laquelle
nous ne pûmes p a s accéder; elle occasionna
entre les Japonois et nous une v iv e altercation
; et Matataro, contre son ordinaire, s’emporta
au point de nous injurier et de nous
menacer. I l nous demandoit de justifier
M. Moor et d’avouer que son projet de s’enfu
ir avee nous 11’avoit été qu’une feinte, et
qu’il n’avoit pas persuadé à Simanoflf et Y a s -
siliefif de concourir à l ’entreprise. Nous ne
voulûmes nullement consentir au x désirs des
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