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« un crime, car votre situation désespérée vous
« ex cu se ; au reste, je n’ai pas confié à vos
« compagnons votre projet d’entrer an se r-
« vice particulier du gouverneur , c’est vous-
« meme qui l ’avez révélé. Si vous craignez
« d’être pour cela puni d’après vos lois, pour-
« quoi n’avez-vous pas gardé le silence?Mais
« j ’espère que vos compagnons ne.découvri-
« ront pas à votre gouvernement ce qui pour-
« roit vous nuire. »— Nous protestâmes de
notre côté à M. Moor que c’étoit à tort qu’il
craignoit pour sa sûreté quand il seroit de
retour en Russie, puisque très-certainement
le gouvernement, s’il apprenoit sa faute , ne
le jugeroit pas aussi sévèrement qu’il le
c ro yo it; mais il étoit impossible de calmer
M.. Moor. Le souvenir des choses secrètes
qu’il avoit révélées par écrit aux Japonois
le tourmentoit ; c’étoit ce qu’il entendoit
par les expressions de dévouement pour les
Japonois. Il chercha plusieurs fois à montrer
de différentes manières son attachement
pour e u x ; il disoit souvent que si
les Japonois pouvoient vo ir ce qui se passoit
dans son coe u r, ils se conduiroient bien différemment
envers lu i, et lu i accorderoient
plus de confiance. Les interprètes lu i déclarèrent
alors franchement q u e , d’après leurs
lo is , les Japonois même qui passoient quel*-
que temps dans les pays étrangers,perdoient
totalement la confiance de leurs compatriotes:
Comment donc, ajoutèrent-ils,pourroient ils
accepter les services d’un étranger, quel que
pût être son dévouement pour eu x ? «Quand
« même, continuèrent-ils, il se trouveroit
« actuellement mille Russes en prison chez
« n ou s , i l 'n e pourrait arriver que deux
« choses: ou vos déclarations seront confir-
« mées par votre gouvernement, et alors vous
« serez élargis; ceu x même qui ne voudroient
« pas s’ en retourner seroient conduits par
« force à bord des bâtimens ; ou b ie n , si la
ce confirmation attendue ne v ient pas, vous
« resterez tous en captivité, sans pouvoir
ce être employés à aucun s e r v ic e , pas même
« à un travail quelconque. Qr , si vous crai-
« griez pour vous des résultats fâcheux en
« Russie, nous ne savons qu’y fa ire ;n ou s ne
« pouvons que déplorer votre sort, car il n’est
« pas en notre pou vo ir d’enfreindre nos lois
<r pour votre avantage particulier. »— A y an t
ensuite appris dé nous que les craintes de
M. Moor n’avoient aucun fondement, ils lui
dirent que ses inquiétudes n’étoient- dues