de quinze secondes l’un de l ’au tre , à l’exception
des deux derniers qui sont plus rapprochés,
comme pour indiquer que l ’heure a
sonné.
Le 4 mai, au point du jour!, un employé
v in t nous appeler chacun par notre nom. A
m id i, l ’on nous mena tous au château, les
mains liées; enfin, avec la même escorte et
dans le même ordre qu’auparavant. Arrivés
au château , l’on nous fit asseoir dans 1 antichambre;
quelques instans après, M. Moor et
A le x is entrèrent et passèrent dans la salle.
A u bout d’un certain temps, on délia les
mains de M. Chlebnikoff et les miennes, mais
on nous laissa la corde autour du corps. On
n ’ôta que les liens des mains aux matelots;
leurs coudes restèrent serrés. Ensuite on
nous introduisit dans la salle du tribunal.
Quand le gouverneur fu t entré et assis, il
nous adressa plusieurs anciennes questions,
en ne nous demandant que des explications
pour quelques-unes, Çet objet terminé, i l
m’adressa ainsi la parole : « Pensez-vous
« avoir eu tort ou raison dans ce que vous
« avez fait; et croyez-vous avoir bien ou mal
« agi envers n o u s ? » —=■ «V ou s -m êm e , r e -
« pris-je, nous avez contraints à prendre le
« parti.que nous avons embrassé; vous noua.
« avez saisis par ruse , vous n’avez pas voulu*
« ajouter foi à nos déclarations, vous aye^
« annoncé que vous n’entameriez aucune né^
« gociation avec nos bâtimens, dans le cas ou.
« ilsf viendroient,de la part de notre gouver-,
« nernent, apporter la confirmation de ce
« que nous avions d it; je me suis donc re -;
« gardé comme justifié par les circonstance^. »
— Le gouverneur manifesta son étonnement;
de ma réponse. « Votre détention, r e p r it - il,
« est déjà une v ie ille affaire, l ’on n’en doit
« plus parler; vous a vou e z -vou s coupables
« ou innocens? Dans le dernier cas il m’est
« impossible de soumettre votre affaire a
« l ’empereur. »— Je m’aperçus aussitôt, qu’il
s’agissoit pour nous de nous reconnoltre.
coupables, et je répondis en conséquence ;
« Si nous étions jugés devant Dieu ou dans
« un endroit où vous et nous serions ég au x ,
« je pourrois alléguer beaucoup de raisons
« pour notre justification; mais vous Japo-
« nois, vous êtes ic i des m illions, et nous ne
« sommes que s ix , tous en votre p o u vo ir ;
« vous pouvez donc nous juger comme vous
« le trouv e re z à propos, peu importe que,